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« Sentiment d’inachevé, forcément… »

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Lu il y a 4 minutes



Pionnière des biocarburants et de la chimie biosourcée, Global Bioenergies s’éteint faute de financement industriel. Malgré ses succès scientifiques et des partenariats prestigieux avec L’Oréal et Safran, la start-up française n’a pas pu transformer ses innovations en activité industrielle durable.

On aura espéré jusqu’au bout une issue heureuse. Malheureusement, l’aventure s’achève pour la société de biotechnologies Global Bioenergies placé en redressement judiciaire depuis le 29 septembre 2025. Lors d’une audience, le 24 novembre dernier, le Tribunal de Commerce d’Evry a examiné les deux offres de reprise finales déposées. Aux termes du jugement, rendu le 1er décembre, aucune des deux offres n’a su convaincre le Tribunal. La première offre a été rejetée en raison de l’absence de reprise de salariés, et la seconde au motif qu’elle ne remplissait pas les conditions permettant une reprise satisfaisante. Par conséquent, le Tribunal a décidé de convertir le redressement judiciaire en liquidation judiciaire.

« Après 17 ans d’efforts acharnés et des résultats scientifiques et techniques dont nous pouvons être fiers, nous n’aurons donc pas réussi à déployer notre technologie à grande échelle. Sentiment d’inachevé, forcément… », se désole Marc Delcourt, directeur général de l’entreprise, sur le réseau professionnel Linkedin. En effet, la société travaillait depuis 2008 au développement d’une technologie permettant de convertir des résidus végétaux en carburants, en passant par une molécule plateforme, l’isobutène. Bien que le parcours fût semé d’embûches, les équipes de Global Bioenergies n’avaient jamais baissé les bras. Quand l’intérêt général s’est détourné des biocarburants lorsque le cours du pétrole s’est effondré en 2008, la société de biotech a su rebondir en se réorientant vers le secteur des cosmétiques. En effet, l’isobutène biosourcé produit par Global Bionergies pour la synthèse de carburants sert également de building block pour la production d’isododécane, une molécule entrant dans la composition de certains maquillages longue tenue. Le groupe L’Oréal avait notamment été séduit par l’idée puisque que le géant du luxe était entré au capital de la société au travers son fonds d’investissement Bold. En parallèle, la start-up continuait à développer un carburant plus spécialement dédié à l’aviation durable, un SAF ayant cette particularité d’être produit par voie biotech là où les procédés concurrents reposent sur l’hydrotraitement d’huiles de cuisson usagées et de graisses animales (HEFA), le procédé Fischer-Tropsch, la voie Ethanol-to-fuel ou la combinaison de CO2 capté et d’hydrogène vert pour produire des e-SAF.

Un changement de cap

Lorsque Global Bioenergies s’est vu contraint d’abandonner son projet d’industrialisation de son isododécane, malgré le soutien de l’État à travers le dispositif « Première usine » de Bpifrance, la start-up a reporté tous ses espoirs sur son procédé de production de SAF. En effet, la société française faisait partie des rares à avoir obtenu une certification ASTM, autorisant une incorporation en mélange avec les kérosènes d’origine fossile. Des géants de l’aéronautique tels que Safran et l’Onera (centre français de recherche aérospatiale), avaient confirmé la performance du carburant de Global Bioenergies. Pas suffisant pour attirer de nouveaux investisseurs…

« Nos résultats et brevets seront peut-être repris pour servir de base à de nouveaux développements, dans un contexte où l’environnement aura repris la place qu’il mérite, au centre de nos préoccupations », a poursuivi Marc Delcourt. Il a été très largement salué sur LinkedIn pour son travail de pionnier qui aura marqué l’innovation française dans la biologie synthétique et les biocarburants.



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