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En Chine, Emmanuel Macron en mission pour convaincre Pékin de rééquilibrer son modèle

Service Com'
Lu il y a 5 minutes


Pour sa quatrième visite officielle en Chine depuis 2017, le président de la République est accompagné d’une quarantaine d’entreprises françaises. Plus que la signature de contrats, l’enjeu sera de convaincre Pékin des dangers créés par les surcapacités chinoises.

Il y a quelques années, la réussite d’un voyage présidentiel en Chine se mesurait au nombre de grands contrats signés par les groupes français. Une autre époque. Pour sa quatrième visite officielle en Chine, Emmanuel Macron est bien accompagné d’une quarantaine de chefs d’entreprises. Rodolphe Saadé, le PDG de CMA-CGM, Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia, le patron d’Airbus Guillaume Faury ou Christophe Perillat, le directeur général de l’équipementier Valeo font ainsi partie de la délégation.

Une dégradation des échanges accélérée

La Chine est devenue un marché moins facile à naviguer pour les grands groupes tricolores, même si ceux-ci y poursuivent leurs investissements. Les exportations françaises y ont reculé de 25,5 milliards d’euros en 2023 à 24 milliards en 2024 sur fond de faiblesse persistante de l’économie chinoise. Dans le même temps, les surcapacités chinoises se sont redirigées en masse vers l’Europe, un mouvement accentué par la fermeture de facto du marché américain. Depuis 2017, la balance commerciale entre la France et la Chine est passée de 31 milliards d’euros d’excédents chinois à près de 49 milliards sur les douze derniers mois à fin septembre, selon les chiffres des Douanes.

Même si l’Elysée espère signer des accords commerciaux jeudi 4 décembre, le déplacement vise surtout à convaincre la Chine de la nécessité de rééquilibrer ses échanges avec l’Europe. Alors que les Etats-Unis ont de facto fermé leur marché aux produits chinois depuis la hausse des droits de douane, l’Europe apparait comme un des débouchés essentiels pour Pékin pour ses technologies de pointe. «La situation actuelle en termes de commerce est sans doute favorable à la Chine», met en garde l’entourage du chef de l’Etat, mais Pékin risque «de voir se multiplier les mesures sectorielles, par exemple sur les véhicules électriques, demain sur d’autres catégories de produits» contre ses exportateurs.

La question vaut en particulier pour les investissements chinois en Europe, que l’Elysée a placé en tête de son agenda, avant la rencontre d’Emmanuel Macron avec Xi Jinping à Pékin puis Chengdu. «Nous avons souvent insisté auprès des Chinois sur l’accès au marché chinois», rappelle-t-on à l’Elysée. Mais désormais, les entreprises chinoises disposent dans un certain nombre de secteurs de technologies plus avancées que les groupes européens, à l’instar des batteries. Pour la France, il s’agit de continuer d’accueillir les investissements chinois, mais pas sans conditions.

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Favoriser les projets d’investissement qui créent de la valeur en Europe

«Nous voulons que ces investissements servent à une véritable coopération économique qui soit au bénéfice de chacun, au sens où ils favorisent l’innovation et l’accélération du déploiement des technologies les plus prometteuses», plaide-t-on à l’Elysée. La délégation qui accompagne le chef de l’Etat a embarqué ainsi les directeurs généraux d’Axens et d’Orano. Tous deux sont porteurs de projets de coentreprises avec le groupe chinois Lico, pour le premier, et XTC pour le second, pour implanter des sites de production de matériaux de batteries dans les Hauts-de-France. Des exemples d’investissements que Paris aimerait développer, alors que le stock d’investissements français en Chine est encore bien supérieur aux investissements chinois en France. «On ne cherche pas à attirer des usines “tournevis”, à l’exemple de ce qu’ont pu faire d’autres pays. On cherche bien des usines qui créent de la valeur et qui créent de la valeur technologique sur notre territoire», avance Paris.

Des sujets qui résonnent avec les débats en cours à Bruxelles. Le paquet REsourceEU sur les matières premières et la nouvelle stratégie sur la sécurité économique de l’Union, publiés tous deux le 3 décembre, ciblent tous deux la Chine, sans la citer. Et la Commission réfléchit à conditionner les investissements étrangers sur le sol européen, à des critères d’emplois et de transferts de technologie et de compétence en faveur de l’Europe.



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