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L’intelligence artificielle, une révolution… et une bulle ?

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Lu il y a 4 minutes



Ce 30 novembre, cela fait trois ans que ChatGPT a été lancé. La révolution IA n’en est qu’à ses débuts, mais le voyage s’annonce mouvementé, écrit Emmanuel Duteil dans son édito.

Les États-Unis ont trouvé leur nouveau pétrole. Ce ne sont plus (seulement) les gisements du Texas, mais ceux… des datacenters. L’IA est devenue leur nouvel eldorado, leur «hedge fund» national. Tous les capitaux, publics comme privés, s’y ruent. Les géants américains ont fait un choix radical : investir tous leurs moyens dans l’intelligence artificielle. Et, comme me confiait récemment un grand financier, «s’ils ont vu juste, ils seront déments. Mais s’ils se trompent, la bulle sera d’une ampleur planétaire».

Selon McKinsey, 6700 milliards de dollars seront investis d’ici à 2030 dans les datacenters, dont 5200 milliards dédiés à l’IA. Des chiffres vertigineux, presque irréels. Derrière eux, pourtant, une économie bien physique : 80% des moyens de la construction américaine seraient désormais absorbés par ces cathédrales de serveurs. Les États-Unis construisent à un rythme jamais vu les infrastructures énergivores censées abriter le futur de l’intelligence. On parie sur les cerveaux des machines comme hier sur les puits de pétrole.

Mais à force d’empiler les paris, le doute s’installe. L’IA est une révolution, mais elle ne gagne pas encore d’argent. Les usages explosent – dans l’industrie, la santé, la logistique, la conception –, mais peu sont encore vraiment rentables. En attendant un impact réel sur la productivité, l’argent coule à flots, et souvent à crédit. Les financiers commencent à se couvrir. Le célèbre Michael Burry, l’« oracle » qui avait annoncé la crise des subprimes, parie sur la chute de Nvidia et de Palantir. Il voit déjà la bulle gonfler. Et ces derniers temps, les Bourses mondiales commencent à douter.

Et pourtant, il serait injuste de réduire l’IA à un mirage. La demande qu’elle suscite est bien réelle : les modèles ont besoin de puissance de calcul, de câbles, d’électricité, de béton. Et ça, l’industrie sait le produire. C’est même sa grande revanche. Dans un monde obsédé par le logiciel, le numérique redevient un chantier industriel. Derrière chaque innovation d’IA, il y a un transformateur électrique, une turbine, un datacenter, des milliers d’ingénieurs. Le virtuel repose sur du très concret.

Reste une question essentielle : jusqu’où investir sans modèle économique solide ? En misant tout sur l’IA, l’économie mondiale prend un risque de concentration inédit. Si la bulle éclate, elle n’emportera pas seulement Wall Street, mais aussi les territoires, les énergéticiens, les sous-traitants et les constructeurs déjà mobilisés pour alimenter la fièvre artificielle. L’histoire le prouve : l’innovation ne devient durable que quand elle devient rentable. L’IA n’en est pas encore là. Mais si elle réussit, elle ne se contentera pas de changer nos outils : elle redessinera nos économies, nos métiers, et peut-être même nos intelligences.

Vous lisez un article de L’Usine Nouvelle 3749 – Décembre 2025

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