
Le laboratoire allemand a publié des données positives concernant son asundexian, un traitement des récidives d’AVC. Porté par ce résultat, Bayer a bondi de plus de 10 % en Bourse. Un succès aux allures de renouveau pour le laboratoire allemand.
Bayer a bien fait d’insister. Après un développement chaotique, et un précédent échec clinique, l’asundexian redonne le sourire au laboratoire allemand. Bayer a dévoilé des résultats positifs d’un essai clinique concernant cette petite molécule, évaluée sur la prévention du risque de récidive de l’AVC (accident vasculaire cérébral).
Un sujet de santé publique majeur puisque, sur la dizaine de millions de personnes victimes d’un AVC chaque année, près d’un tiers ont déjà connu un précédent dans le passé. « Même avec les traitements actuels, le risque d’une autre attaque demeure élevé et chaque récidive a des conséquences profondes », explique Mike Sharma, médecin en charge de l’étude de Bayer.
Des données positives d’efficacité avec un bon profil de sécurité
Dans son évaluation clinique de phase III, qui a recruté plus de 12 000 patients dans le monde, ayant pris un comprimé d’asundexian par jour, le traitement a permis de réduire le risque d’AVC, tout en étant bien toléré. Un dernier paramètre fondamental alors que les anticoagulants actuellement sur le marché augmentent le risque d’hémorragie.
L’anticoagulant de Bayer agit en effet selon une nouvelle voie, en inhibant le facteur XIa, une protéine impliquée dans la récidive mais dont le blocage n’augmente pas le risque d’hémorragie, un mécanisme jusqu’à présent peu exploré.
Pour le reste des résultats cliniques, il faudra patienter. Bayer n’en dit pas plus et donnera davantage de détails dans de prochaines communications. L’annonce a cependant suffi à ravir les investisseurs. Le cours de Bourse de Bayer a bondi de plus de 10 %. Il faut dire que ce succès clinique, longtemps attendu, peut marquer un tournant dans la trajectoire morose du laboratoire.
Le laboratoire allemand patine depuis quelques années
Le laboratoire allemand souffre d’un portefeuille vieillissant et d’un pipeline qui manque de coffre. Son produit phare et meilleure vente en 2024, le Xarelto (rivaroxaban), un autre anticoagulant, a vu ses ventes baisser de plus de 10 %, affecté par la perte d’exclusivité sur son brevet. Un déclin qui s’accélère sur les premiers mois de 2025. Le laboratoire voit son modèle – Bayer associe toujours une activité santé grand public, spécialités pharmaceutiques et une activité d’agrochimie – régulièrement remis en question.
Arrivé en 2023, le p-dg de Bayer, Bill Anderson, s’est lancé dans une vaste restructuration, simplifiant notamment l’organigramme pharma. Plus de 12 000 postes ont été supprimés pour ramener les effectifs à environ 90 000 employés. Le dirigeant s’est donné comme ambition d’étoffer le pipeline (8 phases I et 4 phases II ont été démarrées depuis juin 2023) et de lancer de nouveaux produits capables de prendre la relève du Xarelto.
Dans ces conditions, le succès d’asundexian a tout d’un tournant pour Bayer. Il est d’autant plus symbolique que le médicament a connu un échec fracassant en 2023, en indication sur la prévention primaire des AVC pour les patients à risque. En insistant, Bayer se voit récompenser et détient désormais un potentiel traitement capable de rapporter plusieurs milliards d’euros par an.
Sur sa stratégie globale, « il reste encore beaucoup de chemin à parcourir », estimait Bill Anderson dans des propos repris par Reuters. Avec le succès d’asundexian, Bayer espère bien avoir posé un premier jalon.


