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Novartis supprime 550 postes industriels, symbole des mutations dans la pharma… et mauvais signal pour l’Europe face aux États-Unis

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Lu il y a 6 minutes



En réorientant deux de ses sites suisses vers la bioproduction, Novartis va supprimer 550 emplois sur son site de Stein, près de Bâle. Une décision accompagnée d’un investissement de 106 millions de dollars, qui souffre de la comparaison avec l’enveloppe annoncée aux États-Unis.

Novartis a dévoilé un plan « d’ajustement de ses activités de production en Suisse ». Derrière cet euphémisme, le géant s’apprête à tailler dans ses effectifs, sur ses terres. Sont concernés les sites de Schweizerhalle et de Stein, situés en banlieue de Bâle. Au sein de ce dernier, Novartis prévoit d’arrêter, d’ici fin 2027, la production de comprimés et de gélules, ainsi que le conditionnement de médicaments stériles, entrainant, au passage, la suppression de 550 postes.

Une mesure de restriction qui n’est pas due à une mauvaise santé financière – le groupe affichait 50,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2024 – mais plutôt à un repositionnement stratégique de ses capacités vers la bioproduction.

Avec un tiers de ses effectifs en moins, l’usine de Stein sera la plus sévèrement impactée. Elle sera bientôt dédiée entièrement à la fabrication de traitements complexes, comme les thérapies cellulaires personnalisées. Des domaines d’activité pour lesquels le site dispose déjà de capacités disponibles. L’usine de Stein est ainsi équipée de lignes dédiées à la production de produits liquides stériles (flacons, seringues préremplies, ampoules, auto-injecteurs) et, depuis 2019, d’équipements permettant la production de thérapies CAR-T.

En dépit de la réduction des effectifs voulue sur le site, et notamment due à l’automatisation des process, Novartis prévoit de renforcer l’usine de Stein via un nouvel investissement de 26 M$. « Afin de maintenir une production compétitive en Suisse, nous devons investir dans des technologies de fabrication innovantes et un haut niveau d’automatisation », a confié Steffen Lang, président des opérations de Novartis. Une démarche de modernisation également entreprise sur le site de Schweizerhalle. Une installation plus modeste, qui emploie 200 personnes, et qui va aussi être transformée.

De nouvelles capacités de production pour les thérapies cellulaires

Spécialisée dans la production de médicaments à base d’ARN, l’usine Novartis de Schweizerhalle verra prochainement ses capacités augmentées, et ses équipes renforcées via le recrutement de 80 nouvelles personnes, d’ici fin 2028. Novartis prévoit d’injecter 80 M$ sur le site, qui produit des traitements clés du portefeuille du laboratoire dans les domaines des maladies cardiovasculaires, rénales et métaboliques.

L’installation est notamment utilisée pour produire le principe actif du Leqvio (inclisiran), un traitement destiné à réduire l’excès de cholestérol, qui figure parmi les médicaments pour lesquels Novartis table sur des ventes de « plusieurs milliards de dollars », dans les prochaines années. « Grâce aux ajustements prévus, nous renforçons nos deux sites, Schweizerhalle et Stein, en tant que centres d’excellence pour la production innovante », a insisté Steffen Lang. Une révision en ligne avec la trajectoire poursuivie par Novartis en 2025.

Le repositionnement des sites de Stein et de Schweizerhalle vient ainsi renforcer la stratégie d’acquisitions menée par Novartis cette année. En 2025, le géant suisse a ainsi mis la main sur quatre biotechs – Avidity Biosciences, Tourmaline Bio, Regulus Therapeutics et Anthos Therapeutics – pour un total de plus de 15 Mrds $, ainsi que sur leurs portefeuilles de médicaments biologiques.

Il y a tout juste un mois, Novartis s’emparait par exemple d’Avidity Biosciences et de son pipeline de thérapies à base d’ARN, positionnées contre les maladies neurologiques. Des développements qui requièrent des capacités de production toujours plus importantes, dont disposera désormais Novartis sur le continent européen.

Un contraste saisissant avec l’investissement aux États-Unis

Avec 80 000 employés dans le monde, dont 10 000 en Suisse, Novartis dispose encore d’un vivier humain important dans son pays natal. Pourtant, la suppression de postes annoncée sur le site de Stein a fait bondir certains syndicats suisses. Parmi eux, l’Unia a qualifié cette décision de « totalement incompréhensible », alors que le laboratoire se porte bien et qu’il avait déjà largement coupé dans ses effectifs suisses, il y a huit ans.

D’autant que cette décision intervient au lendemain de l’annonce d’un projet d’expansion de Novartis aux États-Unis, précisant l’investissement de 23 Mrds $ (20 Mrds €) fait par le laboratoire, sur le sol américain, en avril dernier. Le géant pharma prévoit ainsi de construire deux nouvelles usines en Caroline du Nord, et d’en agrandir une autre. Un projet qui doit entrainer la création de 700 emplois pour la production de produits biologiques et le conditionnement stérile. Conscient du mauvais timing entre les deux annonces, Novartis s’est défendu, dans une déclaration reprise par Reuters, soulignant que la suppression d’emplois sur le site de Stein n’était pas liée à son expansion aux États-Unis.

Alors que l’Europe s’interroge sur son attractivité face à la politique économique menée par Donald Trump outre-Atlantique, la balance des investissements promis en 2025 par les laboratoires pharma continue de pencher largement en faveur des États-Unis. Dans ce contexte, par sûr que l’investissement de 106 M$ dévoilé par Novartis en Suisse suffise à apaiser les craintes des représentants de la filière.



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