
Alstom, le numéro 1 européen du ferroviaire, arrête provisoirement ses activités dans l’hydrogène liées aux programmes européens IPCEI (PIIEC). La raison : l’arrêt du financement de ces projets par l’Etat.
La bulle de l’hydrogène dans les transports semble avoir explosé. Alstom, précurseur dans ce domaine avec les premiers trains Coradia iLint testés en Basse-Saxe (Allemagne) dès 2017, vient d’appuyer sur le frein après le retrait des financements de l’État français dans le cadre des projets IPCEI ou PIIEC (Projets importants d’intérêt européen commun) pour l’hydrogène. De source syndicale, un CSE extraordinaire a acté l’arrêt des activités de la filiale Alstom Hydrogène.
En réponse aux questions de L’Usine Nouvelle, le numéro 2 mondial du ferroviaire assure ne pas tourner le dos à cette technologie. «Alstom est engagé dans un dialogue régulier et responsable avec l’Etat en vue d’identifier des solutions pour assurer la pérennité des activités du groupe et de la filière hydrogène Made in France». Le constructeur affirme avoir livré le prototype de la pile ferroviaire développée pour le programme IPCEI.
Manque de fiabilité
Après avoir enregistré des commandes en Allemagne, en Italie et en France, le soufflé est retombé. En cause, le coût des infrastructures et de l’hydrogène lui-même, mais aussi le manque de maturité de la technologie et les pannes récurrentes en Allemagne liées à la pile à combustible. En fin d’année 2024, Alstom avait dû rappeler les 14 trains Coradia iLint pour des problèmes de fiabilité et d’approvisionnement. «Le développement des piles à combustible n’est pas encore aussi rapide que nous le souhaitons, en revanche nous bénéficions du retour d’expérience de deux lignes en fonctionnement, déclarait Henri Poupart-Lafarge dans les colonnes de L’Usine Nouvelle, en mai 2024. Nous avons toujours quatre ans d’avance qui nous serviront quand le marché décollera. »
Quatre TER hydrogène en cours de fabrication
En attendant, Alstom se dit engagé «au quotidien auprès de ses clients actuels de trains à hydrogène dans trois pays européens (France, Allemagne et Italie) et respectera ses engagements contractuels de livraison, de maintenance et de maintien en condition opérationnelle». En France, des trains Regiolis Hydrogène ont été commandés par quatre régions françaises pour effectuer des tests. Ils utiliseront les piles à combustible d’un fournisseur externe historique, Cummins, en attendant la pile développée en interne. «Les trains sont en cours de fabrication, a indiqué Frédéric Wiscart, président d’Alstom France, dans une interview à L’Usine Nouvelle, le 18 novembre dernier. Le premier train est même en essai dynamique et la performance est satisfaisante. Il faut encore fiabiliser la pile à combustible. Nous avons besoin de faire des essais complémentaires, mais nous progressons bien. » Des essais qui dicteront sans doute l’avenir de l’hydrogène dans le ferroviaire français, dans quelques années.


