
La récente décision du ministère de la Défense (DoD) de menacer de mesures disciplinaires le chef de la marine sud-africaine, le vice-amiral Monde Lobese, pour son « explosion malheureuse » publique n’est pas seulement une action malavisée, c’est une déviation dangereuse de la vérité.
L’amiral a prononcé la douloureuse vérité que nos dirigeants politiques refusent de reconnaître : nos forces armées sont dans un état d’effondrement catastrophique et systématique, et ceux qui budgétisent notre sécurité sont soit tragiquement négligents, soit activement complices de l’affaiblissement de notre souveraineté. Il ne s’agissait pas d’une « explosion malheureuse » ; c’était une sonnette d’alarme nécessaire de la part d’un officier supérieur qui a vu son service être systématiquement démantelé. En tant que citoyens, nous ne devons pas condamner le messager, mais soutenir pleinement son récit austère et fondé sur des faits.
La frustration de l’amiral Lobese est enracinée dans des réalités indéniables et documentées concernant l’état actuel de la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF).
1. Depuis des années, la Defense Review avertit que la SANDF se trouve dans un « état de déclin critique », et pourtant les coupes budgétaires se poursuivent. Les dépenses de défense de l’Afrique du Sud ont chuté, passant de plus de 2 % du PIB au milieu des années 1990 à un niveau constamment inférieur à 1 %, oscillant actuellement autour de 0,7 % du PIB. Ce chiffre est bien inférieur à la référence internationale de 2 % et constitue à l’échelle mondiale l’une des réductions délibérées les plus drastiques réalisées par un pays non confronté à un effondrement interne. Le gouvernement a donné la priorité aux compromis politiques et aux subventions sociales ; une poursuite nécessaire ; sur la sécurité fondamentale de l’État lui-même.
2. La Marine se trouve aux premières loges de cette crise. L’amiral Lobese a noté que les navires sont maintenus à quai en raison d’un manque de ressources, et des rapports confirment que les quatre frégates de classe Valour de la Marine (achetées dans le cadre de l’accord sur les armes pour créer une « Marine des eaux bleues ») sont pratiquement non opérationnelles depuis 2017 en raison de problèmes de maintenance et d’une mauvaise gestion budgétaire. Cela signifie que notre principale capacité de combat naval est absente de la mer depuis plus de sept ans. Pendant ce temps, des dépenses irrégulières ont été signalées dans des contrats de réparation et dans des projets d’assistance technique coûteux et opaques avec des partenaires étrangers, canalisant de fait des milliards vers des accords douteux tandis que nos actifs vitaux rouillent.
3. Les conséquences de ce définancement ne sont pas théoriques ; ils sont mortels. La récente perte de soldats déployés en RDC était directement liée à une grave pénurie de moyens aériens utilisables, ce qui a retardé, voire impossible, un soutien logistique essentiel et des évacuations médicales.
En outre, sur les 26 avions de combat Gripen avancés d’Afrique du Sud, seuls 12 sont opérationnels, dont 13 sont stockés. Cela laisse l’armée de l’air sud-africaine dans une situation critique incapable de fournir la couverture aérienne ou la mobilité nécessaire. Lorsque la SANDF est obligée d’utiliser des ressources épuisées pour des tâches internes ; comme protéger les infrastructures d’Eskom ou lutter contre l’exploitation minière illégale ; il retire davantage de capacités de son mandat principal : défendre la nation.
Les remarques de l’amiral Lobese selon lesquelles les décideurs budgétaires pourraient être influencés par des réseaux criminels bénéficiant d’une surveillance maritime affaiblie sont explosives, mais elles reflètent un cynisme croissant du public. Lorsque la Marine est trop pauvre pour patrouiller nos côtes, elle ouvre les vannes au trafic de drogue, à la pêche illégale et au trafic d’êtres humains. Le rejet par l’amiral des tentatives de certains ministères de faire appel à une société étrangère pour patrouiller nos eaux met en évidence un point crucial : lorsque l’État néglige volontairement son devoir, il invite à la privatisation et à la dépendance étrangère, compromettant ainsi notre souveraineté.
Le fait que la première réaction impulsive du DoD ait été d’engager des mesures disciplinaires plutôt que de convoquer une réunion urgente pour résoudre la crise montre où se situent véritablement ses priorités : dans la protection de l’image politique avant l’intérêt national. Il est temps que le ministère de la Défense et le Trésor national cessent de traiter le budget de la SANDF comme un ballon de football politique et commencent à le considérer comme un investissement essentiel dans notre démocratie et notre stabilité. L’Amiral n’est pas insubordonné ; il est désespéré. Il expose simplement ce que tout analyste militaire, parlementaire et citoyen honnête sait être vrai.
Nous sommes aux côtés du vice-amiral Lobese. Il a dit la vérité au pouvoir, et si le DoD tente de le faire taire, cela ne fera que confirmer les soupçons selon lesquels notre gouvernement est plus intéressé à perpétuer un mensonge qu’à assurer l’avenir de la République. Cette « explosion malheureuse » ne vient pas des mots de l’amiral, mais de l’état honteux de la SANDF elle-même.
Écrit par un citoyen sud-africain concerné.


