
La multinationale française TotalEnergies a fait l’objet, lundi 17 novembre, d’une plainte pénale auprès du parquet français, accusée d’avoir apporté un soutien matériel à une unité militaire mozambicaine impliquée dans des actes de torture, des détentions arbitraires et des disparitions de civils dans la péninsule d’Afungi, dans le district de Palma, entre juillet et septembre 2021.
Selon un article publié par le journal français LeMonde, la plainte a été déposée par le Centre européen des droits constitutionnels et de l’homme (ECCHR), une organisation basée à Berlin qui travaille sur les cas de violations des droits de l’homme dans les zones de conflit. Selon l’ECCHR, les soldats de la Force opérationnelle interarmées (JTF), stationnés pour protéger le projet Mozambique LNG, ont gardé des dizaines de civils dans des conteneurs métalliques, où ils ont été affamés, battus et torturés. Au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs sont toujours portées disparues.
L’affaire est connue sous le nom de « massacre des conteneurs » et a été initialement révélée par des enquêtes journalistiques menées par Politico, LeMonde et le collectif SourceMaterial, appuyées par des images satellite et des vidéos collectées en 2021.
La dénonciation affirme que TotalEnergies a directement financé la JTF, en lui fournissant des logements, des équipements et des paiements supplémentaires pour les soldats, malgré des informations internes mettant en garde contre des abus commis par les forces de sécurité mozambicaines contre des civils.
Des documents internes à l’entreprise, cités dans les plaintes, montrent que, depuis 2020, des consultants et des équipes sur le terrain alertent sur le risque élevé de violences contre les communautés locales, notamment d’agressions physiques, d’extorsion et de disparitions. Malgré cela, la coopération avec la JTF s’est poursuivie jusqu’en octobre 2023.
En 2023, un rapport du consultant Jean-Christophe Rufin recommandait à l’entreprise de cesser de financer directement les forces de défense et de sécurité mozambicaines, notamment pour éviter toute association avec d’éventuelles atrocités commises par les troupes mozambicaines.
Pour l’ECCHR, cela montre que TotalEnergies connaissait les risques de violations des droits humains liés à la force qu’elle a décidé de soutenir. L’organisation affirme que l’entreprise peut être tenue pénalement responsable pour avoir facilité ou permis des crimes commis dans un contexte de conflit armé.
Selon l’article du Monde, TotalEnergies a nié avoir eu connaissance des événements à l’époque et affirme avoir demandé, en novembre 2024, au bureau du procureur général du Mozambique (PGR) d’ouvrir une enquête. L’enquête du PGR a été ouverte en mars 2025.
Le projet Mozambique LNG, évalué à 20 milliards de dollars, est l’un des plus gros investissements privés en Afrique. L’entreprise française a récemment annoncé la levée de l’état de force majeure, et s’apprête à reprendre ses activités, quatre ans après la suspension provoquée par l’attentat terroriste de mars 2021.
Les organisations environnementales et de défense des droits humains affirment que cette affaire renforce les critiques selon lesquelles le projet profite aux intérêts commerciaux et militaires, tandis que les communautés locales restent sans protection contre les abus, tant de la part des insurgés que des forces gouvernementales.
Pendant ce temps, les attaques des insurgés se poursuivent, notamment dans le district de Memba, à environ 200 kilomètres de Nampula. Des rapports font état de décès et de destructions de biens dans le village de Micula.
Les rapports indiquaient que lundi matin (17 novembre), au moins quatre personnes avaient été assassinées. Des centaines de maisons ont été incendiées lors du raid des insurgés et un certain nombre de personnes ont été déplacées. Parmi les biens détruits figuraient des moulins à farine et des véhicules de transport public.
Une vidéo d’environ deux minutes, vue par MOZTIMES, montre quatre corps, tous des hommes, gisant sur le sol. S’exprimant en Emakwa, la principale langue parlée par la population de Nampula, l’auteur de la vidéo affirme que l’une des victimes a été décapitée et que les trois autres ont été abattues. Une église a également été incendiée.
« Ces personnes ont été tuées par Al-Shabab. Jamussa a été décapité. António a été abattu. Américo et Paulo ont également été abattus », a déclaré le narrateur en montrant des images des corps des victimes.
MOZTIMES dispose d’informations selon lesquelles, outre les membres du grand public, des fonctionnaires de l’État et des agents des postes administratifs de Chipene, Mazua et Lúrio ont abandonné leur lieu de travail et ont fui vers des zones sûres.
Récemment, lors d’une réunion provinciale de planification des examens finaux, le directeur du service éducatif du district de Memba, Silvério Rassul, a averti que la présence d’insurgés dans la région risquait de compromettre les examens finaux de 1 737 élèves.
La récente vague d’attentats terroristes dans le nord de la province de Nampula a poussé des milliers de personnes à fuir leurs foyers à la recherche d’un abri dans des endroits plus sûrs. Un document des partenaires des Nations Unies, publié mardi, indique qu’il y a environ 128 000 personnes déplacées à Nampula, mais ne précise pas la période pendant laquelle ces déplacements ont eu lieu.
Faisant référence aux attaques les plus récentes, le document explique qu’il est difficile d’envoyer de l’aide humanitaire aux victimes en raison de la persistance des menaces sécuritaires.
Écrit par Le temps du Mozambique et republié avec autorisation. Les articles originaux peuvent être trouvés ici et ici.


