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Opinion : Comment commencer à réparer le SANDF sans gaspiller d’argent

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Lu il y a 14 minutes



J’ai été inspiré par le récent article de mon collègue Terence Corrigan, Si j’étais roi…. Cela m’a amené à réfléchir à ce que je ferais si j’avais la malchance d’être à la place du ministre de la Défense. Comment peut-on commencer à résoudre l’effondrement des capacités au sein des forces armées ? Sommes-nous prêts à « arrêter le déclin… » ?

La Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) n’est pas simplement sous-financée. C’est dysfonctionnel. Je dirais qu’il n’est pas au bord de l’effondrement, mais qu’il s’est effondré. Ses 198 avions restent inutilisés, avec une disponibilité de 8 à 10 % les bons jours. Les navires de la Marine quittent rarement le port. Les soldats sont bien entraînés mais mal équipés et souffrent d’un moral de plus en plus bas. Il ne fait aucun doute que la SANDF a besoin de plus d’argent. La vraie question est de savoir comment le dépenser sans le gaspiller.

Il est tentant d’investir de l’argent pour résoudre le problème, mais cela peut s’avérer dangereux. Sans la capacité de planifier de manière appropriée, de comptabiliser et d’entretenir l’équipement, un afflux soudain de fonds pourrait facilement être gaspillé. Le résultat serait une nouvelle série de gros titres sur des contrats mal gérés, des achats irréguliers et du matériel coûteux à peine utilisé.

Des exemples récents en Europe montrent la différence que fait la discipline. Le Portugal a annoncé un plan de relance visant à moderniser ses modestes forces armées, en investissant dans la surveillance côtière et le renouvellement naval selon un séquencement minutieux. Le fonds spécial allemand de 100 milliards d’euros, annoncé en 2022, n’est pas un chèque en blanc mais un mécanisme structuré et pluriannuel lié à des programmes et audits spécifiques. Les deux pays comprennent que la réforme des capacités précède toute expansion des capacités.

L’Afrique du Sud devrait adopter le même point de vue. Un plan de relance de 20 milliards de rands pourrait commencer à changer la situation. Toutefois, toute mesure de relance ne doit pas être considérée comme un jackpot, mais comme un plan de stabilisation. Son objectif devrait être de restaurer la crédibilité, de prouver que le système peut produire des résultats et de préparer le terrain pour une croissance progressive et durable.

Catégories de besoins

Le SANDF comporte trois catégories de besoins. Premièrement, il faut réparer ce qui existe déjà. Deuxièmement, elle devrait acheter de petits actifs livrables qui comblent des lacunes immédiates. Troisièmement, il doit reconstruire l’architecture de la gestion financière pour empêcher les fuites de fonds.

Une répartition judicieuse des 20 milliards de rands refléterait ces priorités. Environ 8,5 milliards de rands devraient être consacrés au maintien en puissance, 9,5 milliards de rands au renforcement des capacités et 2 milliards de rands à la gouvernance, à la surveillance et aux imprévus.

Près de la moitié du budget serait consacré à la restauration de ce qui appartient déjà. Les avions cloués au sol faute de pièces de rechange devraient reprendre le vol. Les dépôts doivent être rénovés. Les propriétés et les casernes doivent être réparées. Les contrats de soutien attendus depuis longtemps pour l’armée de l’air, la marine et l’armée doivent être renouvelés selon un cycle de trois ans. Les écoles de formation et les ateliers de maintenance, dont beaucoup fonctionnent avec des outils anciens et des factures impayées, devraient bénéficier d’un financement garanti.

Il ne s’agit pas là de dépenses glamour, mais c’est la différence entre une force opérationnelle et un musée. Le manque de financement des centres d’excellence qui forment et soutiennent chaque branche de service a paralysé l’état de préparation. Combler ces lacunes permettrait d’obtenir l’amélioration la plus rapide et la plus visible des performances.

Le reste de cette tranche de maintien devrait être consacré à la flotte logistique vieillissante. Les camions Samil qui ont servi depuis les années 1980 ont dépassé depuis longtemps leur durée de vie. Une nouvelle génération de véhicules logistiques produits localement, dans les classes de 5 et 10 tonnes, combinée à une refonte des véhicules blindés de transport de troupes Mamba existants, transformerait la mobilité opérationnelle à un coût relativement modeste.

Actifs corporels

Les prochains 9,5 milliards de rands devraient être investis dans des actifs corporels pouvant être livrés dans un délai de deux ans et produire des rendements mesurables. La priorité devrait être la connaissance de la situation. Les 2 800 kilomètres de côtes de l’Afrique du Sud ne sont pas suffisamment surveillés. Un réseau de radars modernes, relié aux signaux satellite et aux capteurs mobiles terrestres, permettrait une surveillance continue de la zone économique exclusive. De tels systèmes sont relativement bon marché et disponibles dans le commerce auprès d’entreprises locales, telles que Reutech et Saab Grintek Defence.

Parallèlement au réseau de radars, la Marine devrait investir dans des véhicules de surface sans pilote (USV) de fabrication nationale. Il existe déjà une entreprise de défense locale qui a conçu, construit et testé un USV, ce qui augmenterait considérablement les capacités de la marine sud-africaine. De telles plates-formes pourraient être déployées à partir de navires existants, notamment ceux qui sont déjà capables de déployer des bateaux de 6 à 9 mètres. Ils permettraient aux navires habités d’étendre leur portée de surveillance et de patrouille, et pourraient également être déployés autour des ports à titre dissuasif. 700 millions de rands suffiraient pour lancer un tel programme et seraient investis dans l’économie locale.

L’armée de l’air devrait louer ou acheter à court terme une poignée d’avions légers maritimes et de surveillance des frontières. Six turbopropulseurs bimoteurs comme les King Air pourraient être équipés de radars et de capteurs électro-optiques pour patrouiller le littoral et les frontières terrestres. Une réponse parlementaire récente a indiqué que le ministère de la Défense estime qu’il en coûterait 3 milliards de rands pour réviser et remettre la flotte d’hélicoptères Oryx en état opérationnel. Cela donnerait à la SANDF 36 hélicoptères de transport moyen, augmentant ainsi considérablement sa capacité à transporter des troupes, à effectuer des recherches et des sauvetages et à intervenir en cas de catastrophe au niveau national. Ce paquet aéronautique, d’un coût d’environ 4 milliards de rands, fournirait une capacité visible et utile dans un délai de 24 à 36 mois.

Nouveaux uniformes de camouflage

Ensuite, 1,4 milliard de rands devraient être budgétisés pour l’équipement individuel des soldats : uniformes, bottes, gilets pare-balles, trousses de premiers secours individuelles. Il s’agit d’un aspect de l’offre souvent négligé, mais qui pourrait changer l’image physique de la SANDF. La reconstruction des magasins, l’achèvement du déploiement des nouveaux uniformes de camouflage et l’adoption de nouvelles bottes durables seront très utiles. À quoi sert une nouvelle flotte de véhicules si les troupes doivent acheter leurs propres bottes et gilets pare-balles ? Ces articles peuvent également être achetés auprès de plusieurs fournisseurs locaux. Les casques et porte-plaques de Zebra Armour sont déjà en service dans les forces spéciales, ce qui signifie qu’en théorie, leur acquisition devrait être relativement rapide.

La dernière partie de l’allocation des capacités devrait être consacrée à la lutte contre les menaces modernes. Les drones remodèlent déjà la guerre. L’Afrique du Sud dispose d’un moyen de les contrer, avec ses canons anti-aériens Oerlikon, mais aussi son stock de canons anti-aériens Zu-23, relativement anciens mais pouvant être modernisés avec des systèmes de conduite de tir numériques et des viseurs thermiques. Un montant initial de 1,3 milliard de rands pourrait permettre de moderniser les systèmes existants et de construire un système mobile de lutte contre les drones plus vaste.

De plus, un budget de 500 millions de rands devrait être consacré à la poursuite de la modernisation des systèmes d’artillerie. L’achèvement récent des projets Top Star et Mohali s’est avéré relativement peu coûteux et a permis la modernisation des obusiers G5 et G6. Développer ces projets pour moderniser un total de 36 G5 permettrait à l’armée de se doter d’une capacité d’artillerie moderne. Cela devrait s’accompagner de l’acquisition d’obus d’artillerie Assegai auprès de Rheinmetall Denel Munition.

Une puissance de feu crédible et moderne

Un montant supplémentaire de 1,6 milliard de rands devrait être consacré à des armes de précision telles que des missiles antichar, des systèmes de mortiers mobiles automatisés de 120 mm et un petit stock de missiles au-delà de la portée visuelle pour les Gripens de l’armée de l’air. Ces achats ne transformeraient pas la force du jour au lendemain, mais fourniraient une puissance de feu crédible et moderne pour la première fois depuis des décennies.

2 milliards de rands devraient être réservés au mécanisme de réforme. Cela signifie créer un bureau de gestion de programme dédié, doté du pouvoir de superviser l’approvisionnement, la passation des marchés et l’exécution. Les fonds ne doivent être débloqués que lorsque les entrepreneurs atteignent des jalons définis et vérifiés par des auditeurs indépendants. Une partie de ce fonds devrait couvrir les audits externes, la formation en gestion de projet et les réserves pour imprévus en cas de dépassement de coûts.

La vraie nouveauté serait l’approche et non le montant. Les achats de défense de l’Afrique du Sud sont souvent opaques et politiquement déformés. Des rapports trimestriels transparents au Parlement, liés à des mesures claires de production, contribueraient davantage à rétablir la confiance que n’importe quel nouvel équipement.

Les critiques se plaindront du manque d’ambition de ce plan ou du fait que la SANDF ne mérite pas de financement supplémentaire. Certains diront peut-être que cela ne va pas assez loin. Certains préféreraient dépenser 20 milliards de rands pour un seul nouveau navire, une flotte d’avions de transport ou de nouveaux véhicules d’infanterie mécanisés. Ces symboles pourraient être impressionnants, mais ils n’apporteraient que peu d’avantages pratiques si le reste du système restait en panne.

Des investissements plus petits et échelonnés produisent des résultats plus rapides. Ils permettraient également à la SANDF de prouver qu’elle peut gérer l’argent de manière responsable. Une fois les fondamentaux de la maintenance, de la formation et de la comptabilité fixés, des projets plus importants peuvent suivre. L’objectif ne doit pas être un bond soudain mais une progression constante vers la crédibilité.

Associer ambition et capacité

Le Portugal et l’Allemagne ne sont pas des modèles par leur taille, mais par leur discipline. Ils associent ambition et capacité et garantissent que chaque euro dépensé entraînera une augmentation mesurable de la préparation. L’Afrique du Sud devrait s’efforcer de faire de même, quoique à plus petite échelle.

La SANDF ne peut pas défendre le domaine maritime du pays, transporter des troupes au niveau régional ou soutenir des missions à l’étranger sans de nouveaux financements. Pourtant, davantage d’argent ne suffira pas à résoudre ces problèmes. Ils ont besoin de budgets prévisibles, d’un audit approprié et d’un système d’approvisionnement professionnel.

Gérés correctement, ces 20 milliards de rands pourraient permettre d’acheter des pièces de rechange, des capteurs, des véhicules, des patrouilleurs, des avions et des missiles. Plus important encore, cela pourrait permettre de gagner du temps, de rendre des comptes et de restaurer la confiance du public. Si elle est mal gérée, elle n’achètera rien d’autre qu’une autre excuse.

Les forces armées sud-africaines n’ont pas besoin d’un autre projet de prestige. Ils ont besoin de compétences. La véritable mesure du succès ne sera pas le nombre de nouvelles plates-formes acquises, mais le nombre d’anciennes qui fonctionnent enfin à nouveau.

Écrit par Ricardo Teixeira pour L’ami du quotidien et republié avec autorisation. L’article original peut être trouvé ici.



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