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ZATAZ » La « reine du Bitcoin » condamnée à Londres pour un blanchiment record

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Lu il y a 5 minutes


Condamnée à 11 ans et 8 mois de prison, la Chinoise Zhimin Qian, alias Yadi Zhang, a blanchi 7,3 milliards de dollars issus d’une vaste escroquerie crypto.

Le Royaume-Uni a jugé l’une des plus grandes affaires de blanchiment en cryptomonnaie de l’histoire. Zhimin Qian, surnommée la « reine du Bitcoin », a écopé de 11 ans et 8 mois de prison pour avoir transformé en bitcoins l’argent de 128 000 victimes chinoises. Une enquête du Metropolitan Police, longue de sept ans, a permis de saisir 61 000 bitcoins, évalués à 5,5 milliards de livres (7,39 milliards de dollars, soit environ 6,86 milliards d’euros).

Une fraude géante partie de Chine

Entre 2014 et 2017, Qian dirigeait depuis la Chine un réseau promettant à des épargnants, souvent âgés de 50 à 75 ans, des dividendes journaliers et des profits garantis. Derrière ces placements prétendument sûrs se cachait une escroquerie pyramidale qui a ruiné des milliers de victimes. Poursuivie par les autorités chinoises, Qian a fui le pays en 2018 avec de faux papiers, emportant une partie du butin convertie en cryptomonnaie.

Arrivée au Royaume-Uni, elle tente alors de recycler les fonds via l’immobilier londonien, épaulée par plusieurs complices. Les enquêteurs britanniques découvrent l’opération en 2018 lors d’une perquisition dans une résidence du centre de Londres. À l’intérieur, un portefeuille contenant 61 000 bitcoins — le plus grand jamais saisi dans le monde.

Un réseau de complices et des peines lourdes

Parmi les proches de Qian, Jian Wen, accusée d’avoir aidé à déplacer un portefeuille de 150 bitcoins (1,7 million de livres à l’époque), a été condamnée en mai 2024 à six ans et huit mois de prison. En janvier, la justice lui a ordonné de rembourser plus de 3,1 millions de livres sous peine de peine supplémentaire.

Un autre complice, Seng Hok Ling, 47 ans, originaire du Derbyshire, a écopé de quatre ans et onze mois de prison pour transfert de biens criminels en cryptomonnaie, en vertu du Proceeds of Crime Act (2002).

Le Metropolitan Police a salué une enquête « pionnière », la plus importante jamais menée en matière de crypto-blanchiment. Son unité de lutte contre la criminalité économique et cyber souligne que « les traces numériques laissées par les cryptos permettent, malgré la complexité du système, de remonter aux criminels ».

Un enjeu politique et financier

L’affaire prend une dimension diplomatique : la Chine réclame une partie des fonds, arguant qu’ils proviennent d’une fraude commise sur son territoire. Londres, de son côté, voit dans la saisie un atout budgétaire majeur. Les 5,5 milliards de livres gelés pourraient partiellement financer les priorités économiques du gouvernement britannique.

Le Security Minister Dan Jarvis a rappelé la portée du jugement : « Le blanchiment d’argent n’est pas qu’un crime financier : il nourrit les réseaux criminels et met en danger des vies. » Il espère que la sévérité de la peine dissuadera d’autres acteurs de la cybercriminalité : « Ce verdict envoie un message clair : personne n’est intouchable, même derrière un portefeuille crypto. »

Un signal pour le monde de la crypto

Pour le chef du commandement économique et cyber du Met, Will Lyne, cette affaire démontre la capacité croissante des forces de l’ordre à tracer les flux numériques. « Les cryptoactifs ne sont pas anonymes, ils laissent des empreintes », a-t-il précisé.

L’enquête, amorcée en 2018 et étalée sur sept ans, a mobilisé des spécialistes en analyse de blockchain, en finance et en renseignement numérique. Selon les enquêteurs, la structure mise en place par Qian illustrait les nouvelles formes de criminalité transnationale : des réseaux hybrides mêlant fraude, blanchiment et cyber-évasion.

Les autorités britanniques ont indiqué que d’autres poursuites pourraient suivre, certaines transactions étant encore en cours d’analyse. La police métropolitaine veut désormais renforcer ses capacités d’enquête crypto, un secteur où les enjeux financiers dépassent parfois ceux du trafic de drogue.

Ce procès inédit souligne la maturité croissante de la justice face aux flux criminels numériques. Alors que la course à la régulation des cryptos s’intensifie, cette condamnation record pose une question : jusqu’où les États peuvent-ils réellement suivre la piste des monnaies virtuelles ?



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