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Trois ministres en sursis célèbrent la relance du Coq sportif et prennent le pouls de la filière textile

Service Com'
Lu il y a 8 minutes



Côté pile, il y a l’espoir avec la reprise le 3 juillet de l’ex-fleuron français du vêtement de sport Le Coq sportif. Côté face, la parole inquiète d’industriels du textile en proie à de nombreuses difficultés. Et au milieu… trois ministres de Bercy venus les rassurer. Eric Lombard, ministre de l’Economie, Marc Ferracci, chargé de l’industrie et l’énergie et Véronique Louwagie, chargé des PME se déplaçaient dans l’Aube le mardi 26 juin pour célébrer le «rebond industriel». Problème, si le Coq sportif n’est riche que de son avenir, si les industriels réunis en table-ronde craignent pour le leur, celui des trois ministres qui les rencontrent se dérobe depuis que François Bayrou a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement face à une Assemblée hostile.


Si les gouvernements passent, chacun avec le désir sincère (et parfois des actes concrets dans le cas du Coq sportif) de participer au redressement de l’industrie française, les industriels eux resteront pour se battre et devront continuer d’exprimer la longue liste de leurs difficultés à d’autres. En attendant, ils n’ont que ces ministres là à se mettre sous la dent alors, ils se racontent et de manière un peu surréaliste, les ministres leur répondent : proposition de loi fast fashion, budget 2026, projet de loi simplification… Des chantiers qui attendront probablement leurs successeurs.


Le Coq sportif remis sur de nouveaux rails


La différence d’ambiance était patente entre la visite au siège du Coq sportif repris par l’investisseur franco-suisse Dan Mamane qui a nommé un ancien de Lacoste à la direction générale et l’échange qui a suivi avec les acteurs locaux de la filière accueillis à la mairie sous les hospices d’un François Baroin tout bronzé. Au Coq Sportif, l’optimisme règne. Après de multiples soutiens de l’Etat (PGE de 37 millions d’euros, prêt du FDES de 12,5 milliards en 2024), le repreneur aurait déjà injecté des fonds selon le ministre Marc Ferracci et il a promis au total un apport de 70 millions d’euros. Mais il faudra tout reprendre pour développer l’entreprise qui n’avait pas les reins assez solides pour rebondir sur le succès de son contrat d’équipement des sportifs français des JO de Paris. L’objectif est désormais de développer à la fois des collections techniques et une gamme life style beaucoup plus large. Avec un enjeu particulier sur la conquête du marché américain et de nouveaux distributeurs puisqu’aujourd’hui Le coq sportif se repose essentiellement sur Intersport.


Au siège de l’entreprise de Romilly-sur-Seine, on réalise essentiellement le design, le patronage, l’échantillonnage des modèles qui sont présentés aux distributeurs, ou de petites séries pour des clubs. Si un nouveau bâtiment a enfin été ouvert en 2024, sur place les équipements ne sont pas du dernier cri. La découpe est réalisée à la main. L’unique machine de découpe laser de Lectra est en panne depuis des mois et «comme sa réparation nécessite un budget de 25000 euros, la direction a décidé de tout remettre à plat avant d’engager des dépenses et de décider s’il fallait la réparer ou la remplacer», explique la directrice textile de l’entreprise. Aujourd’hui 90% de la confection est réalisée dans une usine au Maroc et il n’est pas prévu qu’elle revienne en masse en France. L’entreprise est plutôt dans une phase où elle cherche à qualifier d’autres usines selon leurs compétences, dans d’autres territoires en Europe, en Turquie voire même en Chine. «C’est normal d’organiser sa chaîne de valeur de cette manière dans ce secteur mais il faut valoriser le choix de cet ancrage territorial sur la R&D et les petites séries, car cela participe au maintien de l’écosystème», justifie le ministre Marc Ferracci. Cela n’empêche pas les quelques sous-traitants de l’Aube qui approvisionnaient l’usine en amont en maille ou en teinture de faire grise mine. «Nous n’avons aucune visibilité sur des commandes à venir de la part du Coq sportif, nous avons rencontré une seule fois le directeur général Alexandre Fauvet et nous avons eu une visio avec le repreneur ,confie Guy Herard d’Aube tricotage qui a dû encaisser une ardoise de 180 000 euros de la part de son ancien donneur d’ordre.


Une filière inquiéte


Réunis à la préfecture autour des ministres, les industriels locaux ont pointé les difficultés de leur secteur : la concurrence de la fast fashion, mais aussi sur le haut de gamme ou les produits techniques qui n’ont pas de problème de débouchés, une concurrence intra-européenne venue du Portugal et d’Italie. Un sous-traitant du LVMH a ainsi noté que les maisons se tournaient de plus en plus vers le Portugal. Contrairement à la maroquinerie qui tient bien en France, l’Europe du Sud prend des parts de marché sur le textile. Au chapitre des difficultés, la fiscalité est pointée de toute part que ce soit les taxes sur l’énergie, les éco contributions pour le recyclage ou le coût du travail, dans un secteur peu automatisable. De quoi affaiblir les taux de rentabilité et conduire à la vente par le groupe Rocher de sa filiale Petit Bateau, une des locomotives du textile de Troyes (le nom de l’acquéreur devrait être connu en septembre). Les obligations normatives sont aussi un souci pour certains, qui vont devoir traiter les Pfas de leurs eaux industrielles alors que l’eau entrante en est, selon eux, déjà chargée.


Enfin les difficultés de recrutement sur les métiers de l’usine et de la bonneterie sont également pointées du doigt. Ce à quoi le ministre Ferracci conseille aux industriels d’ouvrir régulièrement les portes de leurs usines, de se saisir de la réforme des lycées professionnels et de miser sur les reconversions. Au Coq sportif, il a rencontré ce 26 août une apprentie, ex aide-soignante, qui semblait particulièrement épanouie par son nouveau métier. Si le rebond de l’industrie textile semble au milieu du gué, elle permet au moins visiblement à certains de rebondir professionnellement.



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