Au Coq Sportif, l’optimisme règne désormais. Mais les défis sont immenses après des années où les difficultés se sont accumulées. Après de multiples soutiens de l’État (prêt garanti de 37 millions d’euros, prêt du FDES de 12,5 millions d’euros en 2024), l’entreprise a été reprise à la barre du tribunal de commerce en juillet par un investisseur franco-suisse, Dan Mamane, et ses partenaires.
Il aurait déjà injecté des fonds dès avant la reprise officielle et a promis au total un apport de 70 millions d’euros. Conception, fabrication, distribution, il faudra tout revoir pour développer une entreprise qui n’avait pas les reins assez solides pour rebondir après le succès de son contrat d’équipement des sportifs français des JO de Paris.
En 2023, son chiffre d’affaires de 121 millions d’euros aboutissait à une perte de 28 millions d’euros. En 2024, son chiffre d’affaires tombait à 110 millions d’euros. L’objectif est désormais de développer à la fois des collections techniques et une gamme life style beaucoup plus séduisante. Avec un enjeu particulier sur la conquête du marché américain et de nouveaux distributeurs puisque, aujourd’hui, Le Coq Sportif reste très dépendant d’Intersport.
une équipe rapprochée
« Le Coq c’est 15 % à l’international et le reste en France, ce devrait être le contraire », affirme Alexandre Fauvet, le nouveau directeur général, passé par Fusalp (comme PDG de 2014 à 2023) et Lacoste. Le nouvel investisseur est arrivé avec son équipe rapprochée. En particulier, un directeur des opérations, Alexandre Colot, qui ambitionne de remettre le système d’information et l’organisation de l’entreprise à niveau. Au siège de l’entreprise à Romilly-sur-Seine, à une quarantaine de kilomètres de Troyes, dans l’Aube, on réalise essentiellement le design, le patronage, l’échantillonnage des modèles qui sont présentés aux distributeurs, ou de petites séries pour des clubs pour toute la partie textile. Les chaussures sont gérées par un partenaire américain.
Si un nouveau bâtiment a enfin été ouvert l’an dernier au siège, les équipements ne sont pas du dernier cri. Sur place, la découpe est réalisée à la main. L’unique machine de découpe laser Lectra est en panne depuis des mois et « comme sa réparation nécessite un budget de 25 000 euros, la direction a décidé de tout remettre à plat avant d’engager des dépenses et de décider s’il fallait la réparer ou la remplacer », explique la directrice textile de l’entreprise, Ewa Samson.
Aujourd’hui, 90 % de la confection est réalisée dans une usine au Maroc et il n’est pas prévu qu’elle revienne en masse en France. L’entreprise est plutôt dans une phase où elle cherche à qualifier d’autres usines selon leurs compétences, en Europe, en Turquie, voire en Chine. « C’est normal d’organiser sa chaîne de valeur de cette manière dans ce secteur, mais il faut valoriser le choix de cet ancrage territorial sur la R&D, la conception et les petites séries, car cela participe au maintien de l’écosystème », justifiait le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, en visite sur le site le 26 août.
Cela n’empêche pas les sous-traitants de l’Aube, qui approvisionnaient en amont l’usine en maille ou en teinture, de faire grise mine. « Nous n’avons aucune visibilité sur des commandes à venir de la part du Coq Sportif. Nous avons rencontré une seule fois le directeur général, Alexandre Fauvet, et avons eu une visio avec le repreneur », confie Guy Herard, d’Aube Tricotage, qui a dû encaisser une ardoise de 180 000 euros de son ancien donneur d’ordres. La marque est riche de son histoire. Son fondateur a même inventé le survêtement, appelé à l’époque Costume du dimanche. Elle était aussi très prisée du tennisman américain Arthur Ashe. Désormais, elle se cherche un avenir.
Vous lisez un article de L’Usine Nouvelle 3746 – Septembre 2025
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