Alors qu’elle entame le lycée par une formation professionnelle de tailleur, Myriam Chikh-Mentfakh «tombe dans l’industrie» en regardant une classe voisine travailler le textile sur des machines. «Ce que je faisais en deux semaines, ils avaient l’air de le faire en quatre heures», sourit-elle. Elle passe alors un BEP productique des matériaux souples. «Connaître le métier de mes ouvriers me donne aujourd’hui une crédibilité auprès d’eux… et ailleurs !»
Elle est aujourd’hui à la tête de LeLabPlus, qui revalorise les stocks d’invendus textiles des marques – notamment Nike et Le Slip français –, dont l’usine est située à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). «Il est devenu impensable de jeter de la nourriture, nous essayons de faire pareil avec le textile à échelle industrielle», affirme-t-elle, se donnant pour mission de montrer aux marques que la fin de vie des produits est un gisement de chiffre d’affaires. La Lyonnaise n’hésite pas à parler de son aventure entrepreneuriale comme d’une «histoire de femmes», majoritaires parmi les 15 employés.
C’est aussi une histoire de sœurs, aux compétences complémentaires. Fille d’un ouvrier soudeur dans l’automobile, la cheffe d’entreprise a cofondé LeLabPlus avec Fatiha Chikh, consultante marketing spécialisée dans l’intelligence artificielle, «la première à croire en moi» ; leur benjamine, Nazima Chikh, les a rejointes plus tard pour s’occuper de la RSE et de la communication. Si Myriam Chikh-Mentfakh affiche une confiance sans faille dans ses compétences, elle ne rougit pas pour autant de ses échecs. Une fois diplômée, elle a travaillé dix ans en tant qu’acheteuse et cheffe de produit dans différents groupes, avant de se lancer dans l’entrepreneuriat et de créer deux marques de vêtements, qui n’existent plus aujourd’hui.
«Si j’étais plus jeune, je ne sais pas si je referais tout ce que j’ai accompli, parce que c’était dur.» Pendant la crise du Covid, elle coordonne une trentaine d’ateliers en région parisienne pour produire des masques et des blouses. Lorsque l’un d’eux ferme, elle le reprend pour l’intégrer au bureau d’études préexistant. «Je suis fière d’avoir pu sécuriser ces employés avec mon entreprise», souligne-t-elle.
Sa mesure pour un vrai tournant écologique ?
« Rendre la circularité obligatoire pour tous les produits. »