Ad image

Avec ses chaussures, Jallatte a multiplié son chiffre d’affaires par quatre en dix ans

Service Com'
Lu il y a 6 minutes



En face du temple protestant de la commune gardoise de Saint-Hippolyte du Fort, surplombé par les Cévennes, se niche un fort, construit au 17ème siècle, sous Louis XIV, pour y surveiller les protestants, persécutés à l’époque. Aujourd’hui, cet ancien bâtiment abrite… Une usine. Plus précisément, il s’agit du site de fabrication de chaussures de sécurité de Jallatte, leader français, détenant 44% des parts de marché.


Dans ce site de 7000 mètres carrés, 85 salariés fabriquent un peu moins de 500000 paires de chaussures de différentes gammes et formes par an. Mais auparavant, dans les années 1970 et 1980, l’entreprise avait une bien plus grande envergure.


Fort Jallatte usine


«Avant, nous étions plus de 600, et nous avions aussi un atelier à Alès (Gard) qui a fermé en 2008», se remémore Alain Laune, responsable de la production, qui va bientôt souffler sa quarantième bougie de présence dans l’entreprise. S’ensuit une délocalisation en Tunisie d’une grande partie de la production, avant que le fabricant ne soit racheté par un de ses concurrents, le groupe Italien U-Power, dirigé par l’italien Franco Uzzeni en 2013.


Assurer un Made in France rentable


«U-Power a réinvesti dans l’outil industriel et dans le développement des modèles de chaussures», témoigne Laurence Rouault, responsable technique et qualité produit, salariée de la maison depuis 25 ans. En décembre 2018, Jallatte relocalise une partie de sa production tunisienne et investit près de 150000 euros afin de «moderniser les collections et l’outil de production», notamment par l’achat de nouveaux moules, robots et équipements d’injection.


Le site de Saint-Hippolyte du Fort reste focalisé sur l’injection des semelles, la production de la tige (l’ensemble des composants au-dessus de la semelle) ayant été conservée en Tunisie, ainsi qu’une partie de la production de semelles. En tout, la moitié des chaussures que vend Jallatte est produite en Tunisie. «Nous payons un peu moins cher les chaussures ici et un peu plus cher celles en Tunisie pour trouver un équilibre et une rentabilité, indique Jean-Marie Calame, directeur général de Jallatte. En moyenne, une chaussure made in France coûte 3,50€ de plus à la vente qu’une chaussure fabriquée en Tunisie.»


Un chiffre d’affaires quadruplé


Au sein de l’atelier de production, les effluves de plastique fondu émanent des plaques d’injection. Au départ, un robot «gratte» le cuir des tiges pour le rendre plus accrocheur, avant qu’un autre robot colle un insert en polyuréthane, puis les chaussures passent à la double injection. «Il y a une semelle d’usure, et une semelle de confort, qui sert de lien entre l’usure et la tige», explique Alain Laune. La semelle d’usure est faite de polyuréthane classique, plutôt dur au toucher, tandis que la semelle de confort comporte plutôt du polyuréthane expansé, plus mou et donc plus agréable pour les pieds. Un robot réalise l’ébarbage, qui vise à retirer le surplus de matière injectée, avant que les chaussures ne soient contrôlées par un opérateur. D’autres étapes peuvent être incluses selon les gammes, les chaussures destinées au BTP étant équipées d’une semelle anti-perforation en acier, par exemple.


Sur certaines paires aperçues ci et là, les noms d’entreprises comme Renault ou Alpine sont inscrits. Jallatte fournit un pan de l’industrie française, avec des clients comme Eiffage, SNCF, Sanofi, EDF ou encore Total Energies. Des clients qui témoignent d’un chiffre d’affaires en hausse : de 10 millions d’euros en 2014, les ventes ont quadruplé, passant à 46,5 millions d’euros en 2024. Tout cela grâce à des efforts et investissements fournis par l’actionnaire, selon Jean-Marie Calame, qui a été nommé par U-Power lors du rachat en 2013. «L’actionnaire avait pour projet de ne pas faire fermer l’usine et défendre le bleu blanc rouge, se rappelle-t-il. Le groupe a aussi mis des moyens en recherche & développement.»


Une nouvelle ligne de produits de sécurité


Jallatte s’est par la suite diversifié dans le développement de baskets, l’usage de matériaux plus légers, et des coloris plus diversifiés. Le fabricant de chaussures obtient aussi l’autorisation d’Adidas et la BASF pour utiliser le Boost, cette semelle en polyuréthane présente sur les chaussures de course de la marque aux trois bandes. Et la marque ne compte s’arrêter là : en 2026, elle présentera une collection avec des produits qui «proviennent encore plus du monde du sport».


Dans le futur, Jean-Marie Calame souhaite augmenter sa part d’export, aujourd’hui d’un peu moins de 20%, jusqu’à 30% d’ici à 3-4 ans. «Nous voudrions attaquer la Scandinavie et l’Europe de l’Est», assure le dirigeant. Celui-ci prépare aussi une petite révolution pour l’entreprise qui fabrique exclusivement des chaussures depuis 1947 : le lancement prochain d’une nouvelle catégorie d’équipements de production.



Source link

Share This Article
Laisser un commentaire