Une opération policière internationale a mis au jour un réseau de cyberescroquerie sophistiqué qui a fait des milliers de victimes et révèle l’ampleur inquiétante des « centres de fraude » en Asie.
Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux
Aucun spam – Désinscription en un clic – Vie privée respectée
Les enquêteurs européens ont frappé un grand coup. En juin, Europol a annoncé le démantèlement d’une fraude transnationale aux cryptomonnaies qui a piégé plus de 5 000 victimes à travers le monde, pour un préjudice estimé à 460 millions d’euros (environ 540 millions de dollars). Derrière ces chiffres vertigineux se cache une mécanique bien rodée, alliant manipulation psychologique, exploitation humaine et blanchiment d’argent à grande échelle. L’affaire illustre aussi une nouvelle mutation du cybercrime, où l’intelligence artificielle s’impose comme levier pour industrialiser les escroqueries.
Le piège de la confiance numérique
Baptisée opération Borrelli, l’enquête a été menée par la Garde civile espagnole avec l’appui des forces de l’ordre estoniennes, françaises et américaines. Cinq suspects ont été interpellés le 25 juin 2025, trois aux îles Canaries et deux à Madrid. Leur mode opératoire reposait sur une arnaque connue sous le nom de « confiance en cryptomonnaie », une variante numérique des fraudes amoureuses. Les victimes, séduites ou persuadées d’entretenir une relation sincère, étaient convaincues d’investir sur de prétendues plateformes d’échanges de cryptomonnaies. Les sites, en réalité contrôlés par les escrocs, affichaient de faux rendements et incitaient les utilisateurs à verser toujours plus d’argent. ZATAZ vous a d’ailleurs alerté, début septembre, d’une arnaque similaire et les rouages mis en place par les escrocs qui, selon notre enquête toujours en cours a permis le détournement d’au moins 4 millions d’euros (4 millions de dollars).
Une fois les dépôts effectués, l’argent disparaissait dans un dédale de comptes et de sociétés-écrans. Des banques et entreprises enregistrées à Hong Kong servaient à donner une façade légale à ce flux financier. Les criminels, utilisant des identités falsifiées, avaient recours à des « mules » financières pour assurer le transfert de fonds et compliquer la traçabilité des transactions.
⏳ Jusqu’où tolérerez-vous d’être piraté ?
CTI ZATAZ – Scannez les menaces vous concernant avant qu’il ne soit trop tard.
Confidentiel. Instantané. Sécurisé. Zéro intermédiaire. 100 % Made in France.
Centres de fraude et exploitation humaine
Derrière les écrans, la fraude reposait aussi sur une exploitation physique. De nombreuses victimes n’étaient pas seulement ruinées financièrement mais également piégées dans des « centres de fraude » en Asie du Sud-Est. Ces complexes, officiellement présentés comme des bureaux de recrutement ou des start-up, hébergeaient en réalité des dizaines de personnes contraintes d’arnaquer sous menace. Amnesty International estime que plus de 50 centres de ce type opèrent au Cambodge, dans des conditions assimilables au travail forcé et à la traite des êtres humains.
Les témoignages recueillis par les ONG décrivent des travailleurs privés de passeport, surveillés en permanence, obligés de mener des conversations en ligne pour appâter de nouvelles cibles occidentales. L’économie criminelle fonctionne ainsi à double niveau : extraction illégale de capitaux et exploitation directe d’êtres humains. Ce maillage rend l’action policière complexe, car il combine cybercriminalité et criminalité organisée traditionnelle.
Une nouvelle ère pour la cyberfraude
Europol a profité de l’opération pour alerter sur une menace croissante : l’usage de l’intelligence artificielle par les groupes criminels. Les escroqueries reposent de plus en plus sur des chatbots capables de simuler des conversations crédibles, des voix générées par synthèse ou encore des images réalistes de faux profils. Cette automatisation accroît la capacité des fraudeurs à cibler des milliers de victimes simultanément.
Les grandes plateformes technologiques ont commencé à réagir. Meta (organisation interdite en Fédération de Russie) affirme avoir supprimé 7 millions de comptes liés à ces réseaux. Telegram, souvent critiqué pour son rôle de refuge numérique des groupes criminels, a annoncé bloquer des chaînes utilisées pour coordonner les opérations. Mais la course reste déséquilibrée : chaque fermeture engendre l’ouverture de nouveaux canaux, plus discrets et souvent chiffrés de bout en bout.
Ce démantèlement rappelle que la fraude aux cryptomonnaies n’est plus une affaire isolée d’investisseurs naïfs mais un système mondial qui associe manipulation émotionnelle, technologies émergentes et exploitation humaine. Derrière les bilans financiers, une question demeure : comment les forces de l’ordre peuvent-elles anticiper l’industrialisation de la cyberfraude, quand l’intelligence artificielle devient elle-même un outil au service du crime organisé ?
Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux
Aucun spam – Désinscription en un clic – Vie privée respectée