Une plateforme de trading crypto factice, soutenue par des influenceurs autoproclamés comme Lucas BTC et Tianna, a escroqué des investisseurs ingénus, illustrant à quel point la cybercriminalité s’adapte pour séduire et dépouiller.
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Depuis 2021, Marginswap et son environnement Telegram orchestrent une escroquerie sophistiquée : promesses de gains élevés via des « vagues impulsives », comptes bloqués, extorsion par frais ou documents KYC, suppression de preuves… Les victimes, initialement rassurées par l’accès via Bitget Wallet, se retrouvent piégées dans un stratagème habilement construit. Des témoignages affluent, les pertes se comptent en dizaines de milliers d’euros, tandis qu’une riposte s’organise en ligne. Cet article raconte l’enquête cyber de ZATAZ, analyse les mécanismes manipulatoires utilisés et propose des pistes concrètes pour les victimes, les enquêteurs et les autorités. Des dizaines de français sont impactés.

Le site en 2021. Capture : zataz.com
Une escroquerie bien huilée démystifiée
À première vue, Marginswap ressemblait à une plateforme prometteuse, accessible via Bitget Wallet, avec un dashboard ergonomique affichant des profits impressionnants. L’entrée se faisait par Telegram, via des groupes nommés « LucasBTC – Alpha Crypto Fr », animés par Lucas BTC et sa complice Tianna. Ces derniers vantaient une stratégie appelée « vague impulsive » : un prétendu système algorithmique capable de maximiser les rendements grâce à des cycles de pump and dump contrôlés. En réalité, il s’agissait d’un piège structuré : des faux comptes, des promesses de profits fictifs, et une mise en scène savamment orchestrée. Des paliers d’entrée étaient proposés, aux noms exotiques (« plancton 15k », « dauphin 30k »), pour donner l’illusion d’une hiérarchie d’initiés.

Le site, en juillet 2025, avant qu’il ne disparaisse. Capture : zataz.com
Dans un premier temps, les victimes ayant contacté ZATAZ, parfois issues de l’informatique ou de la finance, voyaient leurs investissements portés à l’écran, et même des retraits limités autorisés. De quoi renforcer la confiance et encourager les réinvestissements. Mais très vite, les retraits se sont figés, les explications devenant floues : « contrôle de sécurité », « analyse réglementaire », « soupçon de manipulation de marché ». Une stratégie classique d’extorsion crypto se mettait en place.
Les témoignages convergent : Lucas et Tianna (des pseudonymes) seraient directement liés à la plateforme Marginswap. Les messages privés sur Telegram ont été supprimés, les groupes vidés, les historiques effacés. L’identité des victimes reste floue, mais plusieurs centaines d’entre elles se sont manifestées en ligne comme a pu le constater ZATAZ. Une victime raconte avoir investi 1 000 € (soit environ 1 117 USDT) via un transfert depuis Revolut vers un portefeuille fourni par Marginswap. Quatre jours plus tard, les fonds étaient transférés vers une autre adresse sans son consentement. Son compte affichait alors un solde à zéro, comme celui de nombreux autres utilisateurs.
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Une arnaque typique, aux relents réglementaires
Marginswap suit le schéma classique des fraudes à l’investissement en cryptomonnaie : d’abord la promesse de gains hors normes, ensuite la création d’une preuve visuelle de bénéfices sur une plateforme, puis le blocage des retraits sous couvert de conformité, enfin l’extorsion via chantage administratif. ZATAZ va vous décortiquer le scénario. Il se déroule en six phases. D’abord, le recrutement et la mise en confiance. Les escrocs utilisent Telegram/WhatsApp comme canaux d’entrées.
Les premiers échanges sont rassurants, personnalisés, portés par un langage maîtrisé, des réponses rapides, et un sentiment de communauté. Vient ensuite la légitimation de la plateforme. Marginswap, apparu sur la toile en 2021, se présente comme partenaire de Bitget, avec une interface crédible. Le dashboard permet de visualiser des profits en USDT, avec des retraits partiels au début. Quelques semaines aprés la prise en main du client, blocage des fonds.

Menace des escrocs à destination d’un client. – ZATAZ.COM
Après une ou deux « vagues », les comptes sont gelés. Les raisons avancées sont variables, flux suspects, besoin de KYC renforcé, règles internes, mais le résultat est toujours le même : impossibilité de récupérer l’argent. Vient rapidement ensuite, les menaces. Des courriels pseudo-officiels renforcent la pression psychologique. On y lit que le compte peut être confisqué, que les fonds risquent d’être gelés à vie, sauf en cas de coopération rapide.
Le langage se veut juridique, mais les menaces sont implicites. Les solutions ? Toujours payantes ou ambiguës. « Mon interlocutrice m’a montré ma pièce d’identité indiquant que son service juridique savait qui j’étais. J’ai eu peur ! » souligne un témoin de ZATAZ.
La sixième phrase, l’effacement des traces. Les groupes Telegram sont nettoyés. Les membres sont expulsés, les messages supprimés, l’historique effacé. Certains anciens membres sont bloqués. On soupçonne même la présence de faux profils destinés à semer le doute ou surveiller les discussions. Dans tous les cas, faites des captures écrans, toujours, tout le temps. Le dernier point de l’arnaque, les post-scam et diversions. De nouveaux groupes sont mis en place, prétendant être en contact avec les autorités. Il demande d’attendre avant de porter plainte. Une stratégie sous forme d’une seconde couche d’arnaque pour les victimes déjà affaiblies.
Face à cette spirale, plusieurs recommandations : ne plus transférer d’argent, capturer les preuves (captures, adresses, historiques), déplacer les fonds encore disponibles, signaler aux plateformes impliquées, et conserver tous les éléments de traçabilité on-chain pour un dépôt de plainte formel. A noter que pour le cas de cette escroquerie, les cyber gendarmes de Lille (Dans les Hauts-de-France) auraient en charge l’affaire. Dans tous les cas, déposez plainte.
Marginswap, Lucas BTC et Tianna n’étaient que les visages visibles d’un piège élaboré. L’illusion de gains, l’utilisation stratégique d’espaces de discussion fermés, le refroidissement progressif des victimes, la dissolution de preuves… tout converge vers une stratégie pensée pour manipuler et dévaliser. La résistance s’organise : signatures de témoignages, traçage blockchain, mobilisation juridique. Cela suffira-t-il à rendre justice ? L’enjeu dépasse le simple vol : il s’agit de restaurer la confiance dans l’écosystème crypto, en le civiquant, légitimant et en le cyber protégeant.
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