Derrière l’innocence d’une publicité ciblée se cache parfois une cyberattaque redoutablement bien ficelée. En vingt minutes, 53 URL malveillantes ont été identifiées ZATAZ, via une simple méthode d’analyse.
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À première vue, les publicités personnalisées semblent anodines. Pourtant, certaines campagnes sont détournées par des cybercriminels pour infiltrer les appareils et voler des données sensibles. En analysant quelques publicités piégées, ZATAZ a découvert 53 URL malveillants en vingt minutes seulement. Ces attaques, camouflées derrière des annonces banales, exploitent les données personnelles collectées via les cookies : âge, habitudes de navigation, intérêts. Le piège est précis, le ciblage chirurgical. Vidéo de démonstration !
L’illusion du ciblage : quand les cookies nourrissent les pirates
Tout commence par un message d’un copain sur Linkedin [merci Yoan]. Il a vu des publicité TikTok, TEMU sur ZATAZ. Fichtre ! Je vérifie, je ne vois pas du tout ces publicités dans mes écrans. Je vais vous expliquer pourquoi.
Une scène familière. Vous consultez un site de voyage, comparez quelques vols, puis refermez l’onglet. Quelques minutes plus tard, sur un tout autre site, une publicité pour les mêmes billets d’avion s’affiche. Vous souriez, amusé, en pensant que le web « vous connaît ». Plus tard, vous cherchez une paire de chaussures. Le même phénomène se reproduit. En apparence, il s’agit de simples cookies publicitaires, collectant votre historique pour mieux vous vendre ce que vous semblez vouloir.
Mais derrière ce mécanisme bien huilé, un autre regard se pose. Celui d’acteurs malveillants qui ne cherchent pas à vendre, mais à piéger. Car si les publicités vous « suivent », ce n’est pas un hasard. Elles s’adaptent non seulement à vos intérêts, mais aussi à votre âge, votre localisation, votre système d’exploitation, et parfois même à votre profil socio‑professionnel. Une source inépuisable d’informations, dont les cybercriminels raffolent.
C’est précisément ce que je vous démontre dans la vidéo de démonstration que je vous ai réalisé en écrivant ce papier. En analysant une série de publicités affichées lors de simples sessions de navigation, j’ai identifié pas moins de 53 URL malveillants en moins de vingt minutes. Des liens dissimulés dans les scripts de redirection, souvent invisibles à l’œil nu, mais conçus pour une cible bien précise. Le plus troublant ? Ces publicités ne se déclenchent pas au hasard. Elles s’activent une fois le bon profil détecté. Comment ? Simple ! Je vis dans le Sud de la France. J’enclenche mon VPN, direction la superbe ville d’Arras. J’ai 53 ans (je sais, ça ne se voit pas), je décide de visiter des sites dédiés à la retraite, aux mutuelles, et je reviens sur ZATAZ. Je vous laisse regarder la suite dans la démonstration filmée.
Une technique bien rodée : la publicité comme cheval de Troie
Ces publicités ne sont pas seulement intrusives, elles sont stratégiques. En exploitant les données collectées à travers les cookies, en particulier celles qui ne sont pas toujours bien protégées, les pirates adaptent leurs pièges au profil de chaque internaute. Un retraité ayant récemment cherché des offres santé ou des aides gouvernementales se verra proposer une publicité pour un faux service social. Un adolescent passionné de gaming, lui, sera ciblé par un faux lien vers une version gratuite d’un jeu très populaire. Un employé travaillant dans un service public pourra recevoir une pub vantant une « mise à jour urgente de Microsoft », évoquant une faille de sécurité. car oui, elles existent toujours c’est satané arnaque !
Dans tous les cas, le scénario est le même : une publicité qui semble légitime, parfois même dotée de visuels professionnels, redirige vers une page malveillante. Un simple clic, et l’attaque se déclenche. Il peut s’agir d’un téléchargement automatique, d’une tentative de phishing, ou d’un faux message système affirmant que « votre ordinateur est infecté », et vous invitant à appeler un prétendu support technique. La célèbre arnaque au « service Microsoft, vous avez un virus » est ainsi recyclée à grande échelle, masquée derrière des pubs ciblées. Et la vague qui vient d’être lancée à destination des personnes de plus de 50 ans est parfaite !
Dans cette logique, l’enjeu n’est plus simplement d’arnaquer un utilisateur, mais de l’infiltrer. L’analyse comportementale devient un levier de pénétration. Le pirate agit comme un marketeur : il choisit sa cible, adapte le message, et lance son attaque au moment le plus propice.
La méthode de détection : comment identifier les pièges en quelques clics
Revenons à cette fameuse session d’analyse. En observant les publicités générées au fil de la navigation sur des sites populaires ZATAZ n’a pas seulement cliqué à l’aveugle. J’ai inspecté les URL, analysé les redirections, croisé les IP et comparé les certificats SSL. En quelques étapes simples, j’ai pu faire remonter des connexions vers des serveurs situés dans des zones réputées pour héberger des campagnes frauduleuses. L’une des méthodes les plus efficaces consiste à utiliser un navigateur avec les outils développeurs ouverts (F12), puis à suivre en direct les appels réseau effectués lors du chargement d’une page. Il est alors possible d’identifier les scripts tiers injectés, les redirections conditionnelles, ou encore les requêtes anormales vers des domaines suspects. Les plus discrets d’entre eux n’agissent que si certaines conditions sont réunies : type d’appareil, navigateur utilisé, fuseau horaire, voire profil social simulé. Le mieux est de ne JAMAIS cliquer sur une publicité. Préférez taper l’url de la marque dans votre moteur de recherche.
Ce que cette expérience démontre, c’est que l’attaque n’est pas massive, elle est chirurgicale. Le piège ne se referme que si vous correspondez au profil attendu. Cela explique pourquoi certains utilisateurs ne rencontrent jamais de problème, tandis que d’autres, avec un simple clic sur une pub, ouvrent sans le savoir la porte à une attaque. Face à cette menace, il existe heureusement des contre-mesures simples. Utiliser un navigateur sécurisé, bloquer les scripts tiers, éviter les extensions inutiles, maintenir son système à jour… mais surtout, comprendre que la publicité en ligne, même légitime, peut devenir une arme redoutable si elle est exploitée à des fins malveillantes. Si jamais ce type d’alarme s’affiche dans votre écran : ctrl + suppr et fermez le navigateur. Sur votre mobile, même sanction : fermez le navigateur et videz le cache pour que l’url malveillant ne se relance pas.
Le cas de ces 53 URL malveillants identifiés en vingt minutes n’est pas une exception. Il illustre une tendance croissante dans le cyberespace : l’infiltration par la personnalisation. À force de collecter nos données à des fins marketing, les plateformes ont créé un écosystème où il est possible de cibler un internaute avec une précision redoutable. Ce système, conçu pour vendre, peut aussi servir à piéger. Le cybercriminel d’aujourd’hui n’est plus un pirate solitaire agissant au hasard, mais un acteur renseigné, stratégique, qui connaît sa cible. Il analyse ses visites, devine son âge, anticipe ses besoins. La publicité, jadis simple vitrine, devient alors l’un des vecteurs d’attaque les plus insidieux, car elle se dissimule dans le quotidien numérique de chacun.
La vraie question est donc celle-ci : dans un monde où chaque clic est observé, analysé, exploité… sommes-nous encore capables de reconnaître la menace quand elle se présente sous la forme la plus familière ?