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les Macron contre Candace Owens

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Lu il y a 10 minutes


Le couple Macron attaque en justice aux États-Unis Candace Owens, figure de la droite radicale américaine, pour une campagne de désinformation transphobe visant Brigitte Macron. Un procès inédit.

Une offensive judiciaire sans précédent

C’est une première dans l’histoire contemporaine d’un président français : le 23 juillet 2025, Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont saisi la justice américaine pour répondre à une campagne de calomnies orchestrée depuis des mois par Candace Owens, influenceuse américaine ultra-conservatrice, sur fond de désinformation transphobe. La plainte, longue de 218 pages, a été déposée devant la Cour supérieure du Delaware. Le choix de cette juridiction n’a rien d’un hasard : Owens y réside légalement, y exerce son activité professionnelle, et y bénéficie des protections constitutionnelles du Premier amendement américain, souvent brandies par ses défenseurs comme bouclier contre les poursuites internationales.

Dans cette affaire, le couple présidentiel entend démontrer que Candace Owens n’a pas seulement relayé une rumeur : elle l’a amplifiée, instrumentalisée, monétisée, et érigée en stratégie d’audience. L’objectif de la plainte est clair : obtenir des dommages et intérêts « exemplaires », et poser les bases d’un précédent judiciaire à même de freiner la désinvolture avec laquelle certains influenceurs manipulent la vérité au détriment des personnes.

Depuis plusieurs années, Brigitte Macron est la cible d’une théorie délirante, selon laquelle elle serait en réalité née sous le nom de Jean-Michel Trogneux, son propre frère, et aurait changé de sexe dans le secret. Cette infox, née en France dans les cercles complotistes, a traversé les frontières pour rebondir aux États-Unis où elle a trouvé une caisse de résonance inespérée avec Candace Owens. De nombreux « influenceurs » pro-russes en ont profiter pour amplifier la diffusion comme il a pu le constater ZATAZ, l’année dernière, sur Telegram.

L’influenceuse américaine n’a pas simplement repris cette rumeur : elle en a fait une série documentaire, Becoming Brigitte, diffusée sur YouTube, cumulant plusieurs millions de vues. Au fil des épisodes, Owens déroule des arguments présentés comme des révélations, cite des “experts”, publie des documents douteux, et accuse même Emmanuel Macron d’avoir été placé au pouvoir par la CIA. Brigitte Macron y est décrite comme un homme refait, dans un registre à la fois sensationnaliste et glaçant, qui mêle sexisme, transphobie et complotisme enrobé d’un vernis pseudo-journalistique.

 

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Une rumeur française devenue arme de guerre numérique

La rumeur selon laquelle Brigitte Macron serait un homme n’est pas née avec Candace Owens. Dès l’élection présidentielle de 2017, les sphères conspirationnistes françaises l’ont reprise, la liant parfois à d’autres théories farfelues autour de la pédophilie, du réseau Epstein ou des Illuminati. Elle a trouvé en 2021 une figure de proue avec la pseudo-enquête d’une autrice française, N.R., relayée notamment par une médium autoproclamée. Ces deux femmes ont été condamnées en première instance en septembre 2024 pour atteinte à la vie privée, puis relaxées en appel en juillet 2025. Brigitte Macron et son frère Jean-Michel Trogneux ont annoncé se pourvoir en cassation.

L’acharnement contre la Première dame dépasse de loin les limites d’une critique politique. Il s’inscrit dans une guerre culturelle où l’identité de genre devient prétexte à disqualification, où le fantasme du travestissement est utilisé comme une arme pour décrédibiliser, salir, et saper la légitimité du pouvoir. En s’attaquant à l’intimité d’une femme de 71 ans, en la transformant en objet de rumeur, ces propagandistes anonymes ou déclarés cherchent à fissurer l’image d’un couple présidentiel, à ébranler sa légitimité en recourant aux fantasmes identitaires les plus toxiques.

Ce climat, Owens l’a parfaitement exploité. Avec près de 7 millions d’abonnés sur X (ex-Twitter) et plus de 4,5 millions sur YouTube, elle sait que la polémique est un levier redoutable pour capter l’attention. En misant sur le “scandale français”, elle a renforcé son image d’“insurgée contre le politiquement correct”, séduisant un public avide de récits alternatifs et de révélations fracassantes. Les Macron affirment que l’influenceuse a rejeté toutes les demandes de retrait ou de rectification des propos litigieux, persistant dans une stratégie assumée de provocation.

La plainte souligne que Candace Owens agissait en toute connaissance de cause. Elle aurait sciemment entretenu le mensonge, non par conviction, mais par pur opportunisme médiatique. Le préjudice allégué est immense : réputation atteinte, cyberharcèlement à répétition, propagation d’un message transphobe d’une rare violence. Le dossier accuse aussi Owens d’avoir incité indirectement à des attaques haineuses à l’encontre du couple présidentiel.

Un procès emblématique de la bataille contre les infox

Au-delà des enjeux juridiques, cette affaire cristallise une interrogation mondiale sur les limites de la liberté d’expression à l’ère numérique. Candace Owens, figure du trumpisme médiatique, se présente déjà comme victime d’une “censure venue d’un État étranger”, accusant la France de vouloir “exporter son autoritarisme jusque dans la justice américaine”. Elle invoque le sacro-saint Premier amendement pour justifier son droit à s’exprimer, quelles que soient les conséquences de ses propos. Mais ce droit s’arrête-t-il là où commence la calomnie ? C’est toute la question que posera le procès.

Le choix du Delaware, où Owens est résidente, permet d’engager une action en diffamation selon le droit américain, qui distingue nettement les personnalités publiques des anonymes. Pour obtenir gain de cause, les plaignants devront prouver que l’influenceuse a agi avec “malice réelle”, c’est-à-dire qu’elle savait que ses propos étaient faux, ou qu’elle a fait preuve d’une indifférence délibérée envers la vérité. Une charge juridique élevée, mais pas impossible à atteindre, compte tenu de la documentation fournie dans la plainte.

Ce procès pourrait devenir un cas d’école dans la lutte contre les campagnes de désinformation ciblées. Il s’inscrit dans une série d’actions judiciaires récentes visant à rappeler que le droit à la satire ou à la critique ne saurait être confondu avec un droit à la diffamation gratuite. À travers cette plainte, les Macron entendent aussi envoyer un message clair : l’impunité numérique n’est pas une fatalité.

L’affaire dépasse donc largement le cas individuel de Brigitte Macron. Elle interroge notre rapport à la vérité, à l’identité, à la réputation à l’ère des plateformes globalisées. Elle montre comment une rumeur née sur un forum marginal peut, en quelques mois, devenir une arme de guerre politique internationale. Elle révèle, aussi, les failles d’un écosystème médiatique où le choc et le buzz prévalent sur la rigueur et l’éthique.

Si la justice américaine donnait raison aux Macron, cela créerait un précédent juridique de taille, susceptible d’influencer la manière dont les réseaux sociaux et leurs figures les plus influentes traitent les personnalités publiques étrangères. Et cela rappellerait, in fine, que derrière chaque infox, il y a des vies, des visages, des familles. Et parfois, un pays tout entier.

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