Plusieurs lecteurs de ZATAZ ont récemment signalé la réception d’un courriel de chantage d’une rare violence, dans lequel un expéditeur anonyme menace d’une attaque à l’acide et réclame 1 800 euros pour renoncer à l’acte. Ce mode opératoire s’inscrit dans une multiplication d’arnaques similaires révélées depuis plusieurs semaines.
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Escalade des menaces numériques : l’émergence de l’intimidation physique
Le courriel transmis par cinq lecteurs et lectrices de ZATAZ détaille une menace explicite qui semble diffusée massivement : l’expéditeur, affirmant agir sur le dark web, se présente comme un « prestataire » spécialisé dans l’agression physique sur commande. Selon le message, une tierce personne aurait payé pour organiser une attaque à l’acide contre la victime. « Je possède un site sur le dark web, j’exécute toutes sortes de services, principalement la destruction de biens et les blessures. […] En résumé, tout sauf la fusillade. Les raisons principales sont souvent un amour rejeté ou une rivalité au travail. » L’expéditeur propose alors de vendre son silence et l’identité du commanditaire supposé contre une rançon de 2 000 dollars en Litecoin, à verser dans les 24 heures à une adresse fournie. Soir 1830€ au moment de l’écriture de cet article.
« Le chantage met en scène un contrat fictif d’agression, exploitant la peur pour obtenir un paiement en cryptomonnaie. »
Ce scénario, construit sur une pression psychologique intense, utilise des formulations précises, des délais courts et l’anonymat garanti par l’utilisation de monnaies virtuelles. L’adresse de réception du paiement est unique à chaque victime, rendant la traçabilité particulièrement complexe pour les enquêteurs.
Les analyses menées par zataz.com et datasecuritybreach.fr montrent que ces campagnes sont automatisées : les messages sont envoyés à grande échelle à partir de bases de données issues de fuites massives, avec personnalisation partielle pour renforcer la crédibilité de la menace. Dans le cas de nos lecteurs, nous avons retrouvé via le Service Veille, en quelques minutes, de nombreuses informations dans le darkweb. Selon les retours collectés, aucune victime n’a rapporté de passage à l’acte, même en l’absence de paiement, ce qui laisse penser à une pure stratégie d’intimidation, sans fondement réel.
« Ainsi, je vous propose maintenant de me payer pour rester inactif, c’est ce que je propose à presque toutes les victimes.
Si je ne reçois pas d’argent de votre part, alors j’exécuterai la mission.
Si vous me payez, en plus de mon inaction, je vous fournirai les informations dont je dispose sur le client.
Après avoir terminé la mission, je perds toujours la trace de l’exécutant, donc j’ai le choix : recevoir environ 1 800 euros de votre part pour l’inaction et les informations sur le client, ou recevoir 3 660 euros du client, mais avec une forte probabilité de perdre l’exécutant.«
Les autorités et les plateformes de signalement comme Pharos insistent sur le fait qu’aucune réponse, paiement ou dialogue ne doit être engagé avec les expéditeurs, et rappellent l’importance de conserver les preuves pour un dépôt de plainte.
Multiplication des variantes : sextorsion, menaces et personnalisation
Ce mode opératoire s’inscrit dans un mouvement plus large d’industrialisation des arnaques numériques, comme l’attestent les cas recensés ces derniers mois sur zataz.com. D’autres formes de chantage par courriel, notamment la sextorsion, suivent des schémas similaires : l’escroc affirme avoir piraté la webcam de la victime et menacer de diffuser des vidéos intimes si une somme, généralement comprise entre 500 dollars (environ 460 euros) et 5 000 dollars (environ 4 570 euros), n’est pas versée en cryptomonnaie.
L’analyse des courriels montre une évolution dans la personnalisation des messages : certains incluent des détails comme le prénom, l’adresse ou des pseudonymes glanés en ligne, ce qui accroît le sentiment de menace. Cependant, aucune preuve concrète n’est jamais apportée : il s’agit toujours de scénarios fictifs, destinés à provoquer une réaction émotionnelle et à obtenir un paiement dans l’urgence.
La sophistication croissante de ces campagnes se manifeste également par l’utilisation d’intelligence artificielle et d’outils de traduction automatique, rendant les messages accessibles à un public international. Chaque campagne utilise des adresses de cryptomonnaie différentes, compliquant la traque des fonds et l’identification des réseaux frauduleux.
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Ressorts de social engineering et des mécanismes psychologiques
Je vous propose une analyse de ce message envoyé par le cybercriminel. Il utilise plusieurs techniques classiques d’ingénierie sociale (social engineering) afin de manipuler psychologiquement le destinataire et maximiser la probabilité d’obtenir une rançon. L’objectif principal est de provoquer une réaction émotionnelle forte, empêchant la victime de réfléchir rationnellement ou de demander conseil, pour accélérer la décision de paiement.
Premièrement, le recours à la menace d’agression physique grave, en l’occurrence une attaque à l’acide, est conçu pour susciter une peur intense et immédiate. Ce type de menace sort du registre habituel des arnaques numériques, souvent limitées à la sextorsion ou au vol de données, et touche à l’intégrité physique et à la sécurité de la personne, domaines qui déclenchent instinctivement l’anxiété et le sentiment d’urgence.
Le pirate affirme opérer sur le dark web et présente son activité comme professionnelle, routinière, presque « banalisée », en insistant sur le fait qu’il exécute ce type de missions pour des motifs variés mais crédibles, tels que la jalousie ou la concurrence professionnelle. Ce détail vise à rendre le scénario plausible, en ancrant la menace dans des situations du quotidien susceptibles de résonner avec l’expérience ou les inquiétudes de la victime.
Le message utilise également la technique du « double choix coercitif » : soit la victime paie pour éviter l’agression, soit elle s’expose à une conséquence irréversible. L’auteur affirme pouvoir fournir l’identité du « commanditaire » en échange de la rançon, introduisant une dimension de doute et de curiosité qui peut inciter la victime à vouloir comprendre qui lui veut du mal.
Le court délai imposé (24 heures ou 12 heures selon les courriels) a pour fonction de limiter la capacité de réflexion et de consultation extérieure, isolant la victime dans sa peur. L’instruction de ne pas répondre au courriel, en raison de l’usage d’une adresse jetable, renforce le sentiment d’isolement et d’urgence, empêchant toute négociation ou recherche d’informations complémentaires.
La demande de paiement en cryptomonnaie, détaillée de façon pratique, exploite la méconnaissance de ce mode de transaction pour ajouter à la confusion et à la pression psychologique. La mention d’un paiement différé, uniquement après exécution de la menace, renforce le caractère soi-disant professionnel et « moral » du pirate, qui prétend donner une dernière chance à sa cible.
Sur le plan psychologique, ZATAZ vous explique l’ensemble du message. Voici sa construction et ce qu’il doit générer :
– De la peur immédiate (violence physique),
– De la méfiance et du doute envers l’entourage (« quelqu’un vous vise »),
– Un sentiment d’isolement (aucun recours, dialogue impossible),
– De la panique face à l’urgence (24h/12h),
– Une confusion technique (cryptomonnaie).
L’utilisation d’un ton froid, factuel, et d’un raisonnement pseudo-commercial (présentation des « options » de paiement, calcul du risque pour le « performer ») est destiné à désarmer le sens critique de la victime et à instaurer un climat d’inévitabilité.
Enfin, l’absence totale de preuve ou de détail personnalisé vise à ratisser large tout en maintenant une ambiguïté suffisamment forte pour semer le doute et pousser à la réaction émotionnelle. La même technique avait été employée, en son temps, avec le pseudo piratage de webcam.
Ce type de message exploite donc de façon systématique les principes fondamentaux du social engineering : manipulation émotionnelle, isolement de la cible, urgence artificielle, incitation à l’action immédiate et exploitation des zones d’ombre dans les connaissances du destinataire (en particulier sur le dark web et les cryptomonnaies). Si vous recevez ce message, envoyez le à ZATAZ [pour analyse] et mettez la missive à la poubelle.
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