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la double force motrice de la cybersécurité européenne ?

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Lu il y a 8 minutes


De plus en plus exposées à des cyberattaques sophistiquées, les entreprises européennes cherchent des réponses solides pour garantir la sécurité de leurs données et la continuité de leurs activités. À cette intersection, deux cadres se croisent et s’alimentent : la norme internationale ISO 27001 et la directive européenne NIS 2.

D’un côté, ISO 27001. De l’autre NIS 2 qui doit débarquer d’ici octobre 2025. L’une, volontaire, pose les bases d’un management de la sécurité de l’information. L’autre, contraignante, fixe des obligations strictes pour les secteurs critiques. Derrière ces initiales, une véritable révolution est en marche, visible dans les pratiques concrètes des organisations publiques et privées.

Une architecture de confiance, du volontariat à l’obligation

Lorsque la société française Dassault Systèmes a obtenu la certification ISO 27001 en 2023, ce n’était pas pour répondre à une contrainte réglementaire, mais pour installer une culture de la sécurité fondée sur la prévention, l’analyse des risques et l’amélioration continue. Cette norme, publiée par l’ISO en 2005 et révisée en 2022, n’a rien d’anecdotique : elle impose la mise en place d’un système de management de la sécurité de l’information (SMSI) permettant d’identifier, d’évaluer et de traiter les risques, tout en embarquant l’ensemble des collaborateurs dans la démarche. La norme s’appuie sur un socle de contrôles et de procédures rigoureux, qui vont de la gestion des accès à la supervision des incidents, jusqu’à la sensibilisation continue du personnel.

En parallèle, la directive européenne NIS 2, adoptée en janvier 2023 et entrée en application en octobre 2024 [et qui doit définitivement fouler le sol hexagonal en fin d’année 2025), vient imposer à des milliers d’entités européennes une obligation de résultats : sécurité accrue des réseaux, reporting rapide des incidents, audits réguliers, sanctions financières en cas de défaillance. Cette directive ne vise pas seulement les infrastructures critiques (énergie, transports, santé), mais s’étend désormais à de nombreux secteurs dits essentiels. La France, par exemple, a intégré NIS 2 dans sa législation à travers la loi n°2023-22 sur la cybersécurité, touchant des groupes aussi variés que la SNCF, Veolia, ou les établissements hospitaliers.

Quand la norme éclaire la loi : synergies sur le terrain

L’histoire récente de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) illustre la complémentarité de ces deux démarches. Après avoir subi une tentative de rançongiciel en 2022, l’AP-HP a accéléré son alignement sur ISO 27001 tout en se préparant à la mise en conformité avec NIS 2. Résultat : cartographie fine des risques numériques, définition de protocoles de gestion de crise, et réorganisation des équipes autour d’un responsable cybersécurité dédié. Ce double mouvement a permis à l’AP-HP de répondre à la nouvelle obligation de notification des incidents majeurs sous 24 heures imposée par NIS 2, tout en sécurisant la totalité de ses systèmes critiques.

Cet exemple traduit ce que beaucoup d’experts confirment : mettre en place ISO 27001 permet de structurer les processus, de clarifier la gouvernance, de formaliser les contrôles et de préparer efficacement la conformité à NIS 2. Plusieurs sociétés du CAC 40, à l’image d’Orange ou d’EDF, ont choisi cette approche « par étapes », d’abord volontaire, puis réglementaire. Comme le souligne le cabinet Fidens dans son analyse, « la certification ISO 27001 constitue un socle robuste qui facilite la réponse aux exigences NIS 2, notamment dans la gestion documentaire, la traçabilité des incidents et la sensibilisation des équipes », à lire ici.

Impacts visibles sur la sécurité et la résilience

L’adoption croisée d’ISO 27001 et de NIS 2 change radicalement la donne, non seulement sur le papier, mais dans les pratiques. À la suite d’une cyberattaque survenue en 2023, le groupe hospitalier privé Ramsay Santé a constaté que ses hôpitaux certifiés ISO 27001 ont pu redémarrer leur activité numérique deux fois plus vite que les autres établissements du groupe, grâce à une gestion de crise parfaitement rodée et à la présence de plans de continuité testés.

Pour les PME, la démarche est également payante. La société lyonnaise Infologic, éditrice de logiciels pour l’agroalimentaire, a obtenu la certification ISO 27001 en 2024, anticipant l’application de NIS 2. Elle indique avoir vu chuter de 70 % le nombre de failles internes détectées lors des audits annuels, tout en réduisant de moitié le temps de réaction en cas d’incident. À la clé : une confiance accrue des clients et une meilleure notation auprès de ses assureurs cyber. Ces résultats sont confirmés par une étude menée par le BSI Group en 2023 : plus de 82 % des entreprises ayant mis en place un SMSI selon ISO 27001 affirment avoir significativement amélioré leur capacité à résister aux cyberattaques, tout en optimisant la gestion de leurs risques informatiques.

Piloter la cybersécurité, un enjeu de gouvernance

Au-delà des contrôles techniques, c’est la gouvernance qui évolue : comités de direction dédiés à la sécurité, nomination de responsables cybersécurité dotés d’un mandat clair, indicateurs de performance suivis mensuellement, audits réguliers menés en interne ou par des tiers indépendants. Cette professionnalisation du pilotage, souvent amorcée via ISO 27001, est renforcée et rendue incontournable par NIS 2, qui rend personnellement responsables les dirigeants en cas de négligence ou de défaut de sécurité.

Dans l’industrie pharmaceutique, Sanofi a par exemple choisi d’aligner toutes ses filiales européennes sur un schéma ISO 27001, tout en se dotant d’un dispositif NIS 2 globalisé. Résultat : une culture cyber partagée à l’échelle du groupe, des processus harmonisés, et une capacité à anticiper les audits réglementaires européens.

S’entourer d’experts, un accélérateur de réussite

La mise en œuvre simultanée d’ISO 27001 et de NIS 2 reste complexe : exigences techniques, documentation, coordination des équipes, suivi des obligations de reporting… Pour de nombreuses organisations, l’accompagnement par des cabinets spécialisés, comme Fidens, s’avère décisif. Le genre de partenaire apportant leur expertise pour cartographier les risques, conduire des analyses d’écart (gap analysis), bâtir des plans d’action, former les équipes et piloter l’obtention de la certification. Cette démarche structurée permet non seulement de respecter les échéances réglementaires, mais surtout de transformer l’obligation en avantage compétitif : meilleure image, accès facilité à certains marchés publics et privés, fidélisation accrue des clients sensibles à la sécurité.

Bref, le croisement d’ISO 27001 et de NIS 2 constitue bien plus qu’un simple exercice de conformité. Il s’agit d’une transformation en profondeur du rapport des organisations à la cybersécurité, où la prévention, la résilience et la culture partagée prennent le pas sur la simple réaction face à la menace. Comme le rappelle la Commission européenne, cette évolution est aujourd’hui un préalable pour conserver la confiance des partenaires, garantir la continuité des activités et s’aligner sur les attentes du marché.



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