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Endgame, l’opération qui ébranle le cybercrime mondial

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Lu il y a 6 minutes


Une opération sans précédent baptisée Endgame a permis à l’Office français anti-cybercriminalité (OFAC) et ses alliés de porter un coup majeur aux réseaux de logiciels malveillants, démantelant des dizaines d’infrastructures criminelles numériques.

C’est une offensive coordonnée d’une ampleur inédite qui s’est déroulée dans l’ombre du web entre le 19 et le 23 mai 2025. À l’initiative de l’Office anti-cybercriminalité (OFAC), et avec l’appui de partenaires internationaux de premier plan, l’opération Endgame a marqué un tournant stratégique dans la lutte contre la cybercriminalité. Sept logiciels malveillants d’accès initial, véritables portes d’entrée pour les attaques informatiques les plus destructrices, ont été neutralisés, des centaines de serveurs et domaines malveillants mis hors service, et plusieurs millions d’euros en crypto-actifs saisis. Une réussite technique et judiciaire rendue possible par une coopération sans faille entre autorités européennes et nord-américaines, qui redéfinit aujourd’hui les contours du combat numérique mondial.

Endgame n’est pas un simple coup de filet numérique : c’est une démonstration de force inédite contre les réseaux criminels les plus sophistiqués opérant dans le cyberespace. Le démantèlement coordonné de sept logiciels d’accès initial – dont les tristement célèbres Qakbot, Trickbot et Bumblebee – représente une percée considérable dans la lutte contre les cyberattaques à grande échelle. Ces programmes, qualifiés de droppers ou loaders, servent généralement à préparer le terrain pour des malwares plus destructeurs comme les ransomwares, en infiltrant discrètement les systèmes ciblés.

Europol et une quinzaine d’agences internationales, les autorités ont non seulement identifié et neutralisé ces menaces, mais aussi frappé au cœur de l’économie souterraine qui les alimente. Près de 300 serveurs répartis sur plusieurs continents et 650 noms de domaines associés à des infrastructures illégales ont été rendus inopérants. Plus de 1 300 domaines saisis ou transférés à Microsoft, dont 300 domaines traités par les forces de l’ordre avec le soutien d’Europol, seront redirigés vers des failles Microsoft. La coordination technique et judiciaire mise en place dans Endgame a permis, pour la première fois à cette échelle, de mener des actions simultanées dans plusieurs juridictions, multipliant ainsi les effets déstabilisateurs pour les groupes criminels.

Entre le 16 mars et le 16 mai 2025, Microsoft a identifié plus de 394 000 ordinateurs Windows infectés par le malware Lumma dans le monde.

« Le cybercrime ne connaît pas de frontières, notre réponse non plus » : tel est le message qu’envoie l’opération Endgame aux cybercriminels du monde entier.

Au-delà des infrastructures techniques, ce sont aussi les cerveaux du réseau qui ont été ciblés. Vingt suspects ont été identifiés, dont 18 font aujourd’hui l’objet d’une notice rouge d’Interpol. Cette pression internationale s’est également accompagnée de saisies importantes : plus de 3,5 millions d’euros en crypto-actifs ont été confisqués, portant le total des fonds saisis dans le cadre d’Endgame à plus de 21 millions d’euros. Une somme qui témoigne de la réalité économique et des enjeux financiers colossaux de la cybercriminalité moderne.

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Dans le même temps, un autre volet de l’opération s’est attaqué à l’écosystème du stealer Lumma, un outil particulièrement prisé des cybercriminels pour dérober identifiants et données sensibles. En collaboration avec Microsoft, les forces engagées ont démantelé 91 canaux Telegram utilisés pour la distribution et la coordination de Lumma. Un succès stratégique, obtenu notamment grâce à la plateforme française PHAROS, qui confirme le rôle central de l’OFAC dans la surveillance proactive des zones grises du web.

La neutralisation de plus de 90 canaux Telegram liés à Lumma marque un coup d’arrêt décisif à un outil central du vol de données personnelles à l’échelle mondiale.

Derrière cette offensive se cache une architecture de coopération sans précédent. L’Office anti-cybercriminalité français, la Police nationale, la Gendarmerie, mais aussi le FBI, Europol, Eurojust, et des unités spécialisées comme le NHTCU néerlandais ou la Royal Canadian Mounted Police ont partagé ressources, renseignements et capacités opérationnelles. Un modèle de collaboration internationale qui, selon plusieurs experts, pourrait bien devenir la norme face à une menace cyber globale, évolutive et polymorphe.

Car le succès de cette opération repose avant tout sur la capacité à dépasser les silos nationaux, à mutualiser les expertises techniques et juridiques, et à agir dans un timing parfaitement synchronisé. C’est cette approche qui a permis d’identifier les serveurs, d’obtenir les mandats nécessaires, et d’intervenir avec une précision chirurgicale, tout en préservant la confidentialité et la sécurité des opérations.

Mais Endgame ne signe pas la fin du jeu. Si les retombées immédiates sont spectaculaires, les cybercriminels, réputés pour leur agilité et leur résilience, chercheront inévitablement à rebondir. Certains pourraient se tourner vers des réseaux alternatifs, d’autres développer de nouveaux outils pour combler le vide laissé par les loaders démantelés. Les analystes redoutent ainsi une mutation rapide de l’écosystème, avec l’émergence de menaces inédites ou la migration vers des environnements plus obscurs et plus difficiles à surveiller.

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