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le swatting s’attaque aux influenceurs et mobilise le FBI

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Lu il y a 8 minutes


Trois jeunes Britanniques sont accusés d’avoir orchestré pendant deux ans une vaste campagne de swatting, visant des célébrités du web avec de fausses alertes aux tireurs actifs à travers les États-Unis et le Canada.

Depuis plusieurs années, un phénomène aussi inquiétant que méconnu s’installe dans les coulisses sombres du web : le swatting. Cette pratique malveillante, consistant à faire intervenir les forces de l’ordre en prétendant à une urgence extrême, a pris un tournant particulièrement alarmant ces deux dernières années. Trois jeunes hommes originaires du Royaume-Uni, âgés de 18 à 22 ans, sont aujourd’hui dans le viseur de la justice britannique pour avoir mené une campagne méthodique de terreur numérique entre 2022 et 2024. En ligne de mire : des influenceurs de renom, victimes de fausses alertes massives ayant mobilisé des unités spéciales d’intervention à leurs domiciles. Un jeu cruel, orchestré à distance, qui aurait pu virer au drame.

C’est devant la Crown Court de Liverpool que Liam White, 22 ans, et deux adolescents de 18 ans, Dylan Ash et Keiron Ellison, ont dû répondre à une série d’accusations graves. Pendant deux ans, le trio aurait fabriqué de toutes pièces des incidents de haute intensité — menaces de tireurs actifs, appels au 911 truqués, situations d’otages imaginaires — dans le but de provoquer une réponse immédiate et massive des forces de l’ordre. Le tout ciblant des figures populaires des réseaux sociaux aux États-Unis et au Canada. Bien que les noms des victimes n’aient pas été révélés par le Crown Prosecution Service (CPS), les enquêteurs britanniques et américains, dont le FBI, parlent de dizaines d’attaques coordonnées via des plateformes en ligne.

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Une menace sérieuse pour la sécurité publique

Selon le sergent-détective Steve Frame de la police de Merseyside, cette affaire est le résultat d’une collaboration internationale d’envergure, notamment avec les autorités américaines. « Il s’agit d’activités en ligne menées par un groupe structuré, qui annonçait ses actions avant de les mettre en œuvre dans des forums privés », a-t-il précisé. Un réseau bien rodé, qui n’opérait pas dans l’improvisation, mais selon un plan froidement méthodique.

Les faits sont d’autant plus graves que le swatting n’est pas un simple canular téléphonique. Il met en danger la vie des personnes visées, expose les forces de l’ordre à des situations où la moindre erreur peut être fatale, et détourne les ressources d’urgence de leurs missions vitales. Le FBI, qui a publié cette semaine une alerte d’intérêt public sur l’augmentation des cas de swatting à l’échelle nationale, souligne l’ampleur du phénomène. « Ce type d’attaque peut avoir des conséquences mortelles et compromet gravement la sécurité publique », rappelle l’agence fédérale.

« Ce type d’attaque peut avoir des conséquences mortelles et compromet gravement la sécurité publique » — FBI

Le cas n’est pas isolé. Depuis 2020, les États-Unis ont vu exploser le nombre d’incidents de swatting. Écoles, hôpitaux, lieux de culte et même centres de transports en commun en ont été victimes, parfois à plusieurs reprises. Des figures publiques comme des streamers de jeux vidéo ou des influenceurs sur TikTok ou YouTube sont fréquemment ciblées. La raison ? Leur forte visibilité et la possibilité de capter leur réaction en direct, souvent retransmise à des milliers de spectateurs, ce qui confère une dimension perversement spectaculaire à ces actes.

Les auteurs utilisent des techniques d’anonymisation poussées, usurpant identités et localisations grâce à des outils numériques sophistiqués. Ils collectent également des données personnelles via le renseignement open source (OSINT), explorant les moindres recoins des réseaux sociaux, forums, bases de données publiques ou historiques de navigation accessibles. Certains vont jusqu’à exploiter des appareils domestiques intelligents compromis pour renforcer la crédibilité de leurs faux appels.

Une traque numérique dans l’ombre du web

Ce qui rend cette affaire particulièrement frappante, c’est la jeunesse des accusés. Âgés à peine de 18 à 22 ans, ils auraient agi dans un groupe en ligne structuré, partageant cartes, adresses et scénarios types. Ce réseau, selon les enquêteurs, aurait développé des routines d’appel et des profils de victimes, visant à optimiser l’impact médiatique de leurs actions. Une mécanique glaçante, aux allures de jeu morbide.

Le Crown Prosecution Service les poursuit pour « conspiration en vue de commettre des actes destinés à fausser le cours de la justice », une infraction grave au Royaume-Uni. Libérés sous caution, ils sont interdits de réseaux sociaux et de tout contact entre eux en attendant leur prochaine comparution prévue le 29 mai. Les procureurs, appuyés par la division antiterroriste, ne cachent pas leur volonté d’en faire un cas d’école, tant les enjeux dépassent le simple cadre de la cybercriminalité.

Les conséquences du swatting peuvent être irréversibles : la peur, les traumatismes et parfois même la mort.

Ce type de cyberattaque n’est pas nouveau, mais son évolution technologique et sa banalisation dans certains cercles en ligne inquiètent les autorités. Le FBI met aujourd’hui l’accent sur la prévention, appelant chacun à vérifier sa présence numérique et à adopter des mesures de cybersécurité strictes. La protection passe par des mots de passe robustes, l’authentification à deux facteurs, et surtout la sensibilisation des proches aux risques du swatting. Il est aussi recommandé d’élaborer un plan en cas d’intervention policière injustifiée à domicile.

L’enjeu dépasse la sphère individuelle. Le swatting, en accaparant des ressources policières, fragilise l’ensemble du dispositif de sécurité publique. Dans un contexte où les forces de l’ordre doivent déjà gérer une multitude de situations critiques, la multiplication de ces alertes fictives peut compromettre leur efficacité et leur réactivité.

Cette affaire pourrait marquer un tournant. Le traitement judiciaire qui lui sera réservé au Royaume-Uni pourrait servir de précédent dans la lutte contre le swatting à l’international. Les pays commencent à coopérer plus étroitement, reconnaissant la dimension transfrontalière de ces crimes numériques. Une approche plus globale et coordonnée semble désormais indispensable pour enrayer ce fléau.

Les jeunes générations, à la fois victimes et auteurs potentiels, doivent être au cœur des politiques de sensibilisation.

À l’heure où les frontières entre réel et virtuel s’effacent, où les conflits se jouent parfois en ligne avec des armes invisibles, la question de la responsabilité numérique devient cruciale. Peut-on continuer à laisser prospérer des groupes organisés sur Internet sans surveillance ? Jusqu’où doit aller la justice pour dissuader ce type d’action ? Le débat ne fait que commencer.

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