En 2025, les hackers malveillants n’ont pas disparu. Pire, ils se sont adaptés, raffinant leurs méthodes de piratage. Grande monde dans les années 80/90, le défacement web, le barbouillage de site Internet, n’a pas disparu. Aujourd’hui, ils ne sont plus de simples actes de vandalisme : ils sont devenus de véritables vitrines commerciales du cybercrime.
On pourrait croire que dans un monde obsédé par l’intelligence artificielle, la blockchain et les systèmes ultra-sécurisés, les défacements web appartiennent au passé. Mais non. En 2025, ces graffitis numériques connaissent une seconde jeunesse, instrumentalisés par des groupes de pirates informatiques pour asseoir leur notoriété et monnayer leur savoir-faire. Dans cet écosystème en perpétuelle mutation, des pseudonymes surgissent des tréfonds de la toile. Ce n’est plus l’époque où l’on piratait pour la gloire ou l’adrénaline : aujourd’hui, on pirate pour vendre, pour recruter, pour influencer. Voici comment une pratique que l’on pensait désuète est redevenue un levier majeur du cybercrime mondial. Un exemple concret que ZATAZ a découvert durant le dernier week-end d’avril.
Le grand retour des graffitis numériques
En naviguant entre deux courriels, un œil distrait pourrait ignorer l’avalanche silencieuse de sites défigurés. Pourtant, derrière chaque site web victime d’un défacement, il y a un signal d’alerte, une faille exploitée, une vitrine sauvage dressée en plein cœur du net. Le phénomène a muté : il ne s’agit plus d’une insulte jetée sur une page d’accueil, mais d’une carte de visite professionnelle. Professor6T9, avatar numérique au parfum d’arrogance, s’est illustré lors du dernier week-end d’avril 2025 en apposant sa marque sur des centaines de sites à travers le monde. Son message est clair, presque commercial : Own3d by Professor6T9. Contact Telegram : exploits à vendre.
Le défacement devient un étalage de compétences, un appel d’offre inversé où le hacker malveillant montre ce qu’il sait faire pour mieux séduire des acheteurs potentiels. Dans ce marché noir mondialisé, la réputation se forge non plus en piratant les mastodontes, mais en contaminant la base, en s’infiltrant partout, du petit blog amateur à la PME distraite. Chaque site tombé devient une preuve de maîtrise, une ligne de CV version dark web. Le message de Professor6T9 n’est pas une menace anonyme : c’est une offre de services, en pleine lumière pour qui sait où regarder. Ce qui saute aux yeux, c’est le soin apporté à la mise en scène. Plus de slogans rageurs, plus d’idéologie anarchiste : juste une signature propre, un lien vers un canal Telegram, une invitation polie à discuter business. L’époque des piratages impulsifs est révolue ; place au piratage organisé, professionnalisé, industrialisé.
La liste des victimes référencée par le Service de Veille ZATAZ (sites infiltrés il y a quelques jours) est un catalogue éclectique, preuve que les failles ne font pas de distinction de prestige. On y croise des boutiques locales, des associations, des hôtels, des groupes industriels, des blogs artistiques. Le point commun entre eux n’est pas la taille ni le secteur, mais l’oubli. L’oubli des mises à jour, l’oubli des audits de sécurité, l’oubli de changer un mot de passe depuis six ans. Et cet oubli, les hackers malveillants comme Professor6T9 le traquent avec l’efficacité d’un chasseur. Les sites piratés ne s’effondrent pas, ils continuent à fonctionner comme si de rien n’était, mais ils portent désormais la marque du déshonneur numérique. Et souvent, ils ne s’en aperçoivent même pas.
Ce n’est qu’au détour d’un audit SEO désastreux ou d’une plainte d’utilisateur que le propriétaire découvre qu’il héberge, malgré lui, la publicité gratuite d’un cybercriminel. Le Service Veille a répéré cette action malveillante après avoir retrouvé deux clients dans la liste des victimes de P6T9. Dans les arcanes de Telegram, les discussions tournent autour de packs d’exploits, d’accès RDP compromis, de bases de données siphonnées. Le tout, souvent, pour quelques centaines de dollars. Professor6T9 propose non seulement l’accès, mais aussi la formation express pour utiliser les outils fournis. Car en 2025, la cybercriminalité ne se contente pas de vendre des portes ouvertes : elle vend aussi les clés et les modes d’emploi. À ce stade, le défacement n’est plus une finalité, mais un teaser, un échantillon gratuit avant la grande offre.
Défacements modernes, menaces bien réelles
L’impact d’un défacement dépasse désormais le simple aspect esthétique. En apposant sa marque sur un site web, le pirate ouvre bien souvent une brèche plus large. Il transforme le site en zone grise, en espace potentiellement exploitable pour injecter du malware, diffuser des botnets, ou héberger du phishing invisible. Derrière l’apparente inoffensivité d’un fichier .txt planqué dans le serveur, se cache parfois un pivot, une tête de pont pour des attaques bien plus sophistiquées. L’affaire Professor6T9 a montré comment, en quelques heures, un millier de domaines européens pouvaient être utilisés pour propager des backdoors. En l’absence de réaction rapide des administrateurs, ces portes dérobées sont restées ouvertes des jours, attirant la convoitise d’autres acteurs moins discrets, parfois même étatiques. Ce qui commence par un simple tag peut finir en catastrophe de cybersécurité. Finesse de P6T9 : corriger la faille et commercialiser l’accès créé.
La banalisation du défacement participe à une anesthésie collective. Lorsque l’on voit un site piraté, la première réaction n’est plus l’effroi, mais l’indifférence. Ce glissement est dangereux. Il conditionne les décideurs à sous-estimer l’ampleur de la faille, et il permet aux cybercriminels de travailler en paix. Chaque site compromis devient un maillon de la chaîne d’une attaque plus grande, et plus les maillons restent ignorés, plus l’attaque gagne en puissance.
En 2025, il ne suffit plus de surveiller ses ports ouverts ou de sécuriser ses bases de données. Il faut traquer activement les anomalies, surveiller les modifications de fichiers anodins, détecter les ajouts discrets, veiller et réagir immédiatement. L’heure n’est plus à la réaction défensive : la cyberdéfense moderne est prédictive, proactive, obstinée.
La cybercriminalité a changé de visage, mais elle n’a pas abandonné ses armes historiques. Les défacements web, en apparence désuets, sont aujourd’hui au cœur d’une stratégie globale de compromission et de rentabilisation de l’attaque. Professor6T9 et son équipe n’ont rien inventé ; ils ont simplement réadapté une vieille recette aux exigences du marché noir actuel. Et ils nous rappellent, dans un style froid et efficace, que sur internet, l’oubli est une faiblesse mortelle.
Le défi pour les années à venir sera d’entretenir, jour après jour, une vigilance de tous les instants. Car derrière chaque fichier suspect, derrière chaque page modifiée, se cache peut-être bien plus qu’une signature vaniteuse : une menace bien réelle, prête à exploser à la moindre négligence.
En 2025, les pirates n’ont pas besoin d’assiéger les forteresses. Il leur suffit de trouver une porte arrière entrouverte, de laisser leur carte de visite… et d’attendre que la victime baisse définitivement sa garde. N’oubliez jamais, les pirates ne sont pas des génies, ils n’ont besoin d’une chance, une seule fois, pour faire de gros dégâts !
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