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En Bretagne, la filière du lin renaît sur d’anciennes friches industrielles

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Lu il y a 4 minutes



La filière du lin, qui a contribué à la prospérité du nord du Finistère jusqu’au XIXe siècle, est sur le point de renaître, là où elle avait connu sa gloire d’antan. Trois projets qui portent le retour du traitement de cette fibre ont choisi de s’implanter sur des friches industrielles. Pas étonnant : dans un département où les parcelles à vendre sont rares et de plus en plus petites, «il est difficile de trouver des constructions de la taille suffisante pour accueillir l’activité du lin», qui nécessite de grands espaces, le matériel étant volumineux et les besoins de stockage importants, explique Guillaume Letur. Il porte, avec le teilleur normand Depestele et l’investisseur AGH, le projet Teillage de Bretagne, installé à Commana, sur les sept hectares où la Sparex, un spécialiste du négoce de matériel agricole, possédait des ateliers de production.


Les locaux, quasiment vacants depuis quatre ans, ont été repris par Teillage de Bretagne. «Nous avons réussi à y intégrer nos activités facilement. Après tout, celles de la Sparex n’étaient pas si éloignées des nôtres», indique Guillaume Letur, le PDG de Teillage de Bretagne, qui y a déjà installé ses bureaux, son stockage et quelques ateliers. Sur une parcelle qui jouxte la friche, l’entrepreneur envisage de bâtir son usine de production. Montant des travaux : 14 millions d’euros, avec un coût d’acquisition initial de 500000 euros. L’initiative de la députée du Finistère Sandrine Le Feur (Ensemble) qui, en 2021, a appelé à relancer la filière, a été déterminante. «Ma priorité, pour soutenir les producteurs, était qu’ils investissent des friches industrielles. Je ne voulais pas empiéter sur les terres agricoles», raconte l’élue, elle-même agricultrice. Elle a notamment accompagné Teillage de Bretagne et la filature Linfini pour l’obtention d’aides de l’État.


Des bâtiments à nettoyer et à désamianter


Linfini a entre autres bénéficié de 800000 euros du Fonds vert pour cette réhabilitation. Les trois projets ont aussi l’appui des instances locales et régionales soucieuses de donner une nouvelle vie à d’anciens sites. Surtout, quand ils ont pesé sur l’histoire locale, comme celui des ex-abattoirs Gad, à Lampaul-Guimiliau. Leur fermeture en 2013 avait mis plus de 800 salariés sur le carreau. Avant même que Bretagne Lin, l’entreprise de teillage de Dominique Le Nan, ne songe à acquérir les six hectares de la friche, la région Bretagne et la communauté de communes de Landivisiau avaient mené des travaux de réhabilitation pour plus de 1,6 million d’euros. Cela avait permis au transformateur norvégien de saumon Mowi de s’y installer provisoirement, jusqu’en 2021. Bretagne Lin compte néanmoins y réaliser des travaux substantiels, d’après une demande d’enregistrement d’activité déposée en septembre 2024 à la préfecture du Finistère.


Xavier Denis et Tim Muller, les cofondateurs de la filature Linfini, sont quant à eux satisfaits de l’état de leur friche industrielle de traitement de kaolin de 17000 mètres carrés, à Pleyber-Christ. «À part quelques infiltrations d’eau, le bâtiment est sain, constate Xavier Denis. En construire un en béton armé comme celui-ci coûterait beaucoup trop cher.» Avant le gros œuvre, prévu en 2025, un curage de la friche, qui date des années 1960, est néanmoins nécessaire, notamment une opération de désamiantage et l’enlèvement des machines de l’ancienne activité. Avec 13 millions d’euros d’investissement, Xavier Denis espère «faire revivre ce bâtiment qui a une histoire». À l’horizon 2028, près de 900 tonnes de fil de lin en sortiront annuellement, renouant avec une tradition bretonne perdue depuis près de deux siècles.

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