« Grey is beautiful » ont tendance à dire les consommateurs « engagés », ceux qui ne sont guère choqués par une bouteille en plastique dont la couleur tend au gris justement parce que la résine a été broyée et recyclée plusieurs fois perdant son éclat et sa transparence naturelle. Dans le bois c’est un peu pareil ! Château Cheval Blanc, grande maison de vin située entre Saint-Émilion et Pomerol et plutôt positionnée dans le très haut de gamme avec des prix démarrant à 600 euros la bouteille, a opté pour une caisse en pin noueux des Landes.
« Dix ans auparavant, nous souhaitions une caisse lisse, esthétique, sans nœud et robuste. Aujourd’hui, nos pratiques ont évolué, nous poussant à revisiter ce concept pour créer un écopackaging, en tenant compte des enjeux globaux de la filière, bien au-delà du secteur viticole », explique Pierre-Olivier Clouet, directeur général de l’entreprise viticole.
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Adam, qui collabore avec la maison de vin depuis 2009, a également cherché à satisfaire son client en privilégiant un « sourcing » local. D’une part, cela contribue à réduire la facture carbone du fait de la réduction des distances de transport et, d’autre part, cela aide à redynamiser les filières établies en région. La caisse est fabriquée avec du pin maritime des Landes. Adam appuie sa démarche avec une analyse de cycle de vie (ACV) spécifique.
Entreprises familiales
C’est la société Gaspin, installée dans le Lot-et-Garonne, qui fabrique les panneaux de bois qui servent à la conception des caisses réalisée par Adam. Entreprise familiale depuis quatre générations, labellisée « Bois de France », Gaspin récolte le pin maritime des Landes de Gascogne dans un rayon maximal de 60 km autour de son usine. Le fourreau en laine est quant à lui embossé par Adam, après un process qui passe par la tonte réalisée sur des brebis du Béarn, la récupération de la laine par la société Traille, des opérations de lavage à Valladolid en Espagne, un traitement textile effectué à Limoges (Haute-Vienne) et un travail de couture à Urrugne (Pyrénées-Atlantiques).
D’après Traille, seulement 4% de la laine collectée en France est transformée sur le territoire national. Le reste est exporté ou devient un déchet à éliminer. À l’échelle du Sud-Ouest, chaque année, ce sont 1200 tonnes qui sont jetées, brûlées ou enfouies. La société fondée par Muriel Morot se propose justement de l’exploiter à d’autres fins, comme le calage. Et c’est plutôt bien parti. D’ici à 2025, plus de 20 tonnes de laine seront exploitées chaque année pour le calage des bouteilles de Cheval Blanc.