Le Bénin, pays d’Afrique de l’Ouest, est le dernier pays à bénéficier de la Facilité de soutien à la paix de l’Union européenne (UE), à hauteur de 5 millions d’euros (environ 5,4 millions de dollars) qui serviront à améliorer, entre autres, l’efficacité opérationnelle de ses forces armées.
Le financement, qualifié de « mesure d’assistance » par la Facilité européenne pour la paix (EPF), sera également utilisé pour ce que l’on appelle, selon un communiqué, « les besoins de formation préalable au déploiement ».
Il s’agit de la troisième tranche de financement de l’UE au Bénin cette année, après 25 millions d’euros en mai et 5 millions d’euros en juin. Les mesures d’assistance serviront à protéger l’intégrité territoriale et la souveraineté du Bénin et de sa population civile, a déclaré l’UE. La marine béninoise améliorera ses capacités dans le cadre de son engagement en faveur de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée.
La troisième « mesure d’assistance » porte l’aide globale de l’UE au Bénin à 35 millions d’euros, soit 27 % du budget de défense du pays.
Les forces armées béninoises bénéficieront d’un avion militaire polyvalent et verront leurs capacités médicales et d’évacuation terrestre renforcées.
En outre, le soutien de l’UE verra la création d’une académie militaire nationale pour former des pilotes et des mécaniciens d’aéronefs, en formant des instructeurs et en fournissant un radar de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) et des capacités de commandement et de contrôle, ainsi que des munitions et des armes légères à des fins opérationnelles.
Selon une déclaration de l’action extérieure de l’UE, le soutien de l’EPF fait partie d’un ensemble plus vaste d’outils, notamment l’aide au développement, visant à prévenir et à combattre l’extrémisme violent, qui représente une menace croissante pour la stabilité dans le nord du Bénin. Ce programme complète l’initiative de sécurité et de défense de l’UE pour le Golfe de Guinée, récemment lancée, contribuant à la paix et à la stabilité dans la région.
En avril, le président du Conseil européen, Charles Michel, avait déclaré que l’Union européenne était en train de mobiliser 47 millions d’euros pour le Bénin en 2024, « avec des enveloppes destinées par exemple à l’acquisition de drones et d’avions de renseignement ». S’adressant aux médias béninois, il a précisé que des investissements étaient également prévus pour soutenir la marine béninoise et financer des initiatives visant à réduire la menace terroriste.
Les régions du nord du Bénin et du Togo subissent depuis plusieurs années des attaques et des incursions de combattants du groupe État islamique (EI) et d’Al-Qaïda qui prospèrent au Sahel et cherchent à se déplacer vers le sud.
Le Bénin a envoyé 3 000 soldats dans le nord du pays pour mieux sécuriser sa frontière et a commencé à recruter 5 000 nouveaux soldats pour la région nord.
Soutien régional
En décembre 2023, l’Union européenne a soutenu une nouvelle initiative de sécurité et de défense pour lutter contre la propagation de l’insécurité du Sahel aux pays d’Afrique de l’Ouest. Cette initiative, d’une durée initiale de deux ans, s’inscrit dans une réponse plus large associant prévention, développement socio-économique et aide humanitaire. Elle devrait permettre d’apporter un soutien sur mesure à la région.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’approche intégrée de l’UE dans la région et contribuera à aider le Bénin, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Togo à lutter contre l’instabilité et l’insécurité. Elle se fera en renforçant les capacités des forces de sécurité et de défense des quatre pays d’Afrique de l’Ouest à contenir et à répondre aux groupes terroristes armés.
L’initiative favorisera également l’état de droit et la bonne gouvernance dans les secteurs de la sécurité et renforcera la confiance entre la société civile et les forces de défense et de sécurité.
Il a été élaboré en coordination avec la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin et offrira un « soutien sur mesure » en fonction des besoins identifiés et formulés par les quatre pays.
Suivant un dispositif innovant, flexible et modulaire, l’initiative combinera une expertise militaire et civile en matière de sécurité et de défense (mise à disposition d’équipes de formation à court terme ou d’experts invités) en complément des mesures d’assistance de la Facilité européenne pour la paix (EPF), telles que celles récemment adoptées pour soutenir les forces armées béninoises (11,75 millions d’euros) et les forces armées ghanéennes (8,25 millions d’euros).
En octobre 2023, l’UE a remis 105 véhicules militaires au Ghana, après leur saisie sur un navire à destination de la Libye. Parmi ces véhicules figurent des dizaines de Toyota Land Cruiser, de GMC Sierra et de Chevy Silverado. Lors de la remise, l’UE a déclaré que la livraison des 105 véhicules faisait partie d’une aide de 20 millions d’euros aux forces armées ghanéennes. D’autres équipements seront également livrés à l’avenir : surveillance aérienne, systèmes de guerre électronique et embarcations fluviales.
L’UE a « engagé un montant de 620 millions d’euros pour un soutien militaire à l’ensemble de la région », a déclaré à l’époque le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, alors que l’UE cherche à accroître son soutien aux États amis d’Afrique de l’Ouest, dans un contexte de craintes de voir la crise insurrectionnelle qui dure depuis une décennie au Sahel s’étendre, notamment à la lumière des récents coups d’État et de l’instabilité.
En mai dernier, l’UE a débloqué 15 millions d’euros pour aider à renforcer les capacités opérationnelles des forces armées ivoiriennes afin de sécuriser les zones proches des frontières du pays enclavé avec le Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo (RDC), la République du Congo, le Soudan du Sud et le Soudan. Les fonds serviront également à lutter contre les groupes armés non étatiques qui déstabilisent le pays et la région de l’Afrique de l’Ouest, selon un communiqué de l’UE.
Cette aide permettra au bloc européen de fournir des équipements non létaux pour améliorer les capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance de l’armée de l’air ivoirienne. Il s’agit notamment d’équipements de communication et de transmission de données et de systèmes aériens sans pilote (UAS). La logistique et la sécurité des unités militaires déployées dans le nord du pays seront renforcées par des véhicules polyvalents et des équipements de protection individuelle (EPI). La formation tactique et ce que l’UE appelle « sur le terrain » fait partie intégrante du programme d’assistance.