L’ancien président Donald J. Trump ayant désormais obtenu la nomination du Parti républicain pour l’élection présidentielle américaine de 2024, les implications potentielles pour l’Afrique, notamment en termes de conflits et de terrorisme, constituent un sujet brûlant. Compte tenu des politiques et du discours antérieurs de Trump à l’égard de l’Afrique, il est important d’examiner comment son retour à la Maison Blanche pourrait affecter la dynamique sécuritaire de l’Afrique.
Le premier mandat de Trump a été marqué par une forte tendance à l’isolationnisme, privilégiant les intérêts américains au détriment des engagements internationaux. Des experts comme Etse Sikanku, maître de conférences à l’Université des médias, des arts et de la communication d’Accra, soulignent que la politique de repli sur soi de Trump pourrait conduire à une réduction de la présence américaine dans les affaires africaines. Ce retrait potentiel de la scène internationale pourrait affaiblir les systèmes multilatéraux dont dépendent de nombreux pays africains pour combattre les insurrections et le terrorisme.
Priyal Singh, de l’Institut d’études de sécurité (ISS) de Pretoria, partage ce sentiment, suggérant qu’un retrait de la coopération internationale serait particulièrement préjudiciable aux pays africains confrontés à des menaces sécuritaires. Essentiellement, cela pourrait être interprété comme un risque pour l’Afrique de voir sa coopération multilatérale, pourtant cruciale pour contrer les insurrections sur tout le continent, reculer.
En ce qui concerne la stratégie antiterroriste et la stabilité régionale, lorsqu’il était président, ses détracteurs pourraient décrire Trump comme ayant adopté une stratégie antiterroriste autoritaire, caractérisée par une augmentation des frappes de drones et des actions militaires agressives – des opérations ciblées. Si ces tactiques visaient à éliminer rapidement les menaces terroristes, elles risquaient également d’alimenter une radicalisation accrue au sein des populations locales. Les chercheurs de l’ISS ont souligné qu’une telle approche, si elle se poursuivait, pourrait par inadvertance servir d’outil de recrutement pour des organisations terroristes comme Al-Qaïda et l’EI. La perspective d’interventions militaires accrues sans une attention parallèle portée aux problèmes socio-économiques sous-jacents pourrait exacerber l’instabilité, compliquant ainsi le paysage sécuritaire en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne.
Toute réduction potentielle de l’engagement américain pourrait exacerber l’instabilité dans des régions comme l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, où les gouvernements locaux sont confrontés à des défis considérables dans la lutte contre les insurrections. L’absence d’un soutien solide des États-Unis pourrait enhardir les groupes terroristes, ce qui entraînerait une augmentation de la violence et de l’instabilité régionale. Ce retrait pourrait créer un vide que d’autres puissances mondiales, comme la Chine et la Russie, pourraient chercher à combler, modifiant ainsi l’équilibre des pouvoirs dans la région. Les États-Unis ont historiquement joué un rôle essentiel dans le soutien aux efforts de sécurité des pays africains, et leur retrait pourrait rendre certains pays vulnérables aux menaces croissantes posées par les groupes terroristes.
Si les contours précis d’un second mandat de Trump restent encore spéculatifs, il est clair que son approche de la politique étrangère et de l’engagement international aura de profondes implications pour l’Afrique. La possibilité d’une réduction de l’aide humanitaire, de tactiques militaires agressives et d’un retrait de la coopération multilatérale pourrait poser des défis importants aux pays africains. Cependant, les nécessités géopolitiques pourraient imposer un certain niveau d’engagement continu des États-Unis, notamment en réponse à l’influence croissante de la Chine et de la Russie. Alors que l’Afrique évolue dans ce paysage incertain, il sera crucial pour les dirigeants et les parties prenantes africains de s’engager de manière proactive auprès des puissances mondiales pour préserver les intérêts du continent en matière de sécurité et de développement.
Alors que le monde entier suit de près la course à la présidence américaine et la nomination de Trump, les dirigeants et décideurs africains doivent se préparer aux changements potentiels qu’une administration Trump pourrait apporter. Si les nécessités stratégiques peuvent imposer une présence continue des États-Unis en Afrique, les perspectives générales laissent entrevoir des défis accrus pour le paysage sécuritaire du continent. La réduction de l’aide humanitaire, les politiques militaires agressives et le retrait de la coopération multilatérale sont des préoccupations importantes qui nécessitent une réflexion approfondie et des mesures proactives pour atténuer leur impact.
Pearl Matibe est une correspondante étrangère basée à Washington, DC, et une commentatrice des médias spécialisée dans la politique étrangère des États-Unis et la sécurité internationale. Vous pouvez la suivre sur Twitter : @PearlMatibe