Le contrôle parlementaire est une pratique importante dans les démocraties car il empêche la domination du pouvoir exécutif du gouvernement et garantit la responsabilité. La surveillance du portefeuille de défense de l’État revêt une importance particulière pour garantir la responsabilité des dirigeants civils et militaires dans le maintien d’une force de défense crédible, capable de remplir son mandat constitutionnel.
Cependant, le système de contrôle parlementaire n’est pas sans défauts et son succès dépend de nombreuses variables, principalement de l’engagement des députés et du fonctionnement des commissions parlementaires de défense. Au Parlement sud-africain, cette fonction de contrôle est partagée principalement par la Commission du portefeuille de la défense et des anciens combattants (PCDMV) de l’Assemblée nationale et la Commission permanente mixte de la défense (JSCD) composée de membres de l’Assemblée nationale et du Conseil national de l’Afrique du Sud. Provinces.
Après 1994, avec l’intégration des forces pour former la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF), les questions de défense ont suscité un intérêt considérable dans le pays. Cela s’est également reflété dans le travail du Parlement, avec de nombreux débats sur l’état de l’armée et des réunions régulières de commissions sur la politique de défense à la fin des années 1990. Par exemple, les membres du JSCD ont participé activement à l’élaboration de l’examen de la défense de 1998. L’activité parlementaire autour des questions de défense a sans doute culminé autour de l’accord sur les armes de 1999, mais l’institution a été fortement critiquée pour son manque de contrôle rigoureux. Par la suite, l’activité parlementaire autour des questions de défense a diminué, parallèlement à une diminution plus large de l’intérêt pour les questions de défense dans ce que le professeur Lindy Heinecken a appelé la croissance fossé civilo-militaire en Afrique du Sud. Au Parlement, nous avons constaté, par exemple, une diminution drastique des réunions du JSCD ; un engagement limité en matière de politique de défense, notamment lors de l’examen de la défense de 2015 par rapport au processus de 1998 ; et réduction des séances de questions orales sur la défense. Alors que nous nous dirigeons vers le 7ème Parlement démocratique, la question clé est de savoir sur quelle base seront construites les nouvelles commissions parlementaires de la défense ? Ce qui a été réalisé par le 6ème Parlement et quelles sont les lacunes qui pourraient encore être comblées au sein du nouveau Parlement ?
Retour sur le 6ème Le contrôle de la défense par le Parlement
Le 6ème Le Parlement (2019-2024) a montré une nette amélioration de la régularité de l’engagement sur les questions de défense, notamment au niveau des commissions. Par rapport au 5ème Parlement (2014-2019), les réunions du PCDMV sont passées de 104 à 127 et les réunions du JSCD de 32 à 89. Au total, les 6ème Les commissions de la défense du Parlement ont réalisé 80 missions de contrôle public supplémentaires en matière de défense, bien que le Parlement soit touché par la pandémie de Covid-19. Malheureusement, ces engagements n’ont pas donné lieu à de nombreux débats supplémentaires au sein des chambres du Parlement, malgré les Appel JSCD un débat dédié à la défense dans son rapport à mi-parcours. Cependant, le passage des réunions des commissions de défense à une plate-forme virtuelle après la crise de Covid-19 a permis une plus grande disponibilité des membres des deux chambres du Parlement tout en permettant simultanément au public de suivre les engagements en ligne, contribuant ainsi potentiellement à un débat plus large sur la défense dans le pays.
Alors, qu’est-ce que le 6ème Le Parlement se concentre-t-il sur ? Le PCDMV a examiné les dossiers en cours depuis le 5ème Parlement, comme les dépenses irrégulières engagées dans le cadre du projet de rénovation du 1er hôpital militaire et l’engagement auprès de l’équipe de travail présidentielle sur les anciens combattants. Le Comité a également rempli ses exigences statutaires en examinant les rapports trimestriels sur les dépenses et les performances des départements, les rapports annuels, les budgets départementaux et la rédaction du rapport annuel sur l’examen et les recommandations budgétaires (BRRR) en vertu de la loi sur la procédure de modification des projets de loi et les questions connexes. Il est bien connu que le budget de la défense sud-africain a régulièrement diminué et que le Parlement n’a pas invoqué son pouvoir de le modifier tout au long du 6ème Parlement. Cependant, le PCDMV a utilisé le BRRR pour motiver avec succès une certaine forme d’intervention budgétaire, convainquant le Trésor national d’allouer des fonds supplémentaires à la technologie de protection des frontières, de récupérer la capacité de transport aérien moyen et de démarrer le processus de mise à niveau à mi-vie des frégates de la marine sud-africaine. et des sous-marins et de mettre en œuvre un mécanisme de sortie pour aider la SANDF à optimiser ses coûts de personnel. Vers la fin du 6ème Parlement, le PCDMV a commencé à se concentrer sur les questions de gestion des conséquences dans les départements en examinant les rapports de l’Auditeur général, du Grand Prévôt et de la Direction des enquêtes criminelles prioritaires (Hawks).
L’augmentation drastique du nombre de réunions tenues par le JSCD au cours du 6ème Le Parlement lui a permis d’examiner en temps opportun les lettres d’engagement présidentielles de la SANDF, même si des retards étaient encore visibles dans certains cas. Des échanges réguliers ont eu lieu avec le Comité national de contrôle des armes conventionnelles (NCACC), non seulement sur les importations et les exportations, mais aussi sur les moyens de rendre l’organisme plus efficace pour les fabricants locaux. De même, le JSCD a eu des engagements plus fréquents avec l’industrie de défense sud-africaine en visitant l’Africa Aerospace and Defence Expo 2022, en assurant la liaison avec les industries aérospatiales, maritimes et de défense (AMD) et en visitant des fabricants locaux tels que RDM, Milkor et Damen Shipyards. Des visites de supervision dans des bases militaires et en particulier une visite des déploiements frontaliers de la SANDF ont mis en évidence de nombreuses lacunes et ont abouti à des recommandations en faveur d’un financement accru pour la technologie de protection des frontières. Le Comité a abordé les retards dans les projets d’approvisionnement, notamment les projets Hoefyster, Hôtel, Biro et d’autres contrats de maintenance d’équipements, bien qu’avec des résultats variés, en particulier le projet Hoefyster qui a connu des retards de plusieurs années. Plus important encore, le JSCD a publié son premier ‘rapport à mi-parcours’, comme l’exigent les règles communes du Parlement. Le JSCD a conclu que le niveau de préparation en matière de défense de la SANDF, y compris ses rôles militaires conventionnels et secondaires, se détériore et qu’il est urgent d’y remédier pour éviter la perte de capacités et l’obsolescence conventionnelle. Tout retard dans la lutte contre ce déclin aura un impact sur la capacité de la SANDF à remplir son mandat constitutionnel.
Leçons du 6ème Parlement et j’attends avec impatience
Le 6ème Le Parlement a non seulement accru ses engagements en matière de défense, mais a également abordé des questions liées au déclin de la capacité de défense du pays. Cependant, la SANDF est sans doute dans un état pire en 2024 qu’elle ne l’était en 2019, alors quel a été l’impact de la surveillance ? Compte tenu des années de négligence en matière de défense, notamment en matière de surveillance, il est peu probable qu’une seule législature puisse garantir un renversement complet du contrôle et mettre la SANDF sur la bonne voie. Il existe également des limites à ce que le Parlement peut accomplir dans un tel revirement, dans la mesure où la gestion de la défense de l’État reste une fonction du pouvoir exécutif du gouvernement. Toutefois, le niveau d’engagement en matière de défense au cours du 6ème Le Parlement peut être considéré comme un élément fondamental du rétablissement du contrôle et du renouvellement du débat sur la défense en Afrique du Sud et il incombe à la nouvelle administration d’affiner davantage sa responsabilité de contrôle.
Une lacune majeure du 6ème Le contrôle de la défense du Parlement sur le 7ème Le Parlement pourrait aborder un débat politique approfondi sur l’avenir de la SANDF et l’orientation politique plus large du gouvernement autour d’une force de défense dont l’Afrique du Sud a besoin et peut se permettre. Cela nécessitera une surveillance attentive de l’orientation stratégique future de la SANDF du ministre de la Défense et un engagement accru avec des experts et des acteurs externes. Le 6ème Le contrôle du Parlement n’a pas non plus réussi à corriger le nombre élevé de postes vacants au sein du ministère de la Défense, notamment ceux de secrétaire à la Défense, de directeur financier et de chef des réserves. À un niveau plus opérationnel, le 6ème Le Parlement a effectivement réussi à obtenir des financements réservés pour les plates-formes aériennes et navales, mais la disponibilité de ces équipements a encore diminué ces dernières années. Enfin, et c’est peut-être le plus important compte tenu de la fonction de contrôle budgétaire du Parlement, l’allocation de défense a continué à diminuer au cours de la 6ème Parlement.
Dans certains domaines, d’importants travaux ont été lancés dès le 6ème Parlement qui nécessite une finalisation d’ici le 7ème Parlement. Cela comprend le travail du PCDMV visant à rééquilibrer la composante salariale des dépenses du DOD et à rajeunir la SANDF, qui vieillit rapidement. Les deux comités de défense ont recommandé, après une Voyage d’étude en Allemagne, que le DOD, en consultation avec le Trésor, élabore une nouvelle stratégie de gestion des ressources humaines pour la stabilité à long terme du contingent du personnel de la SANDF en se concentrant sur le rajeunissement des forces et la création d’un mécanisme de sortie permanent pour les soldats plus âgés qui ne progresseront pas dans leur armée carrière, et qu’un tel mécanisme de sortie assure une transition en douceur vers la vie civile. En outre, en 2023, le PCDMV a chargé l’Auditeur général d’enquêter sur la chaîne de valeur de réparation et de maintenance autour des équipements de mission principale et sur les retards persistants du projet Hoefyster. Cette dernière question est étroitement liée à la question de la gestion des conséquences au sein du Ministère, qui est devenue un point d’intérêt croissant des commissions vers la fin du 6ème Parlement. Une surveillance continue dans ces domaines sera essentielle pour garantir les principales capacités de combat de la SANDF et le maintien d’une force militaire disciplinée.
Malgré ses lacunes, toutes les données pointent vers une période de surveillance nettement améliorée au cours du 6ème Parlement par rapport (au moins) aux deux parlements précédents. Une base solide a été posée mais, étant donné la myriade de problèmes rencontrés par la SANDF, une surveillance approfondie sera nécessaire au cours du 7ème Le Parlement va aider au redressement de la défense. Le relais est passé au 7ème Parlement et un nouveau groupe de députés. Seul le temps nous dira quelle direction prendra le débat et la surveillance en matière de défense au cours des cinq prochaines années.
*SIGLA organisera un webinaire le 27 juin 2024 qui examinera le rôle du contrôle parlementaire de la défense ainsi que les rôles régionaux et nationaux de la SANDF. Pour plus d’informations sur le webinaire et pour vous inscrire, consultez le Site Internet de SIGLA.
Écrit par le Dr Wilhelm Janse van Rensburg, chercheur à l’Institut de sécurité pour la gouvernance et le leadership en Afrique (SIGLA) de l’Université de Stellenbosch.